Simon Hantaï peintre français d'origine hongroise refusait toute exposition depuis les années 80. C'est 5 ans après son décès que Beaubourg décide de transgresser cette volonté et de proposer une rétrospective riche de 130 oeuvres du peintre.
De 1949 aux années 90, l'exposition explore les différentes phases de l'oeuvre de Hantaï qui peignait de façon très physique en gestes mécaniques et répétitifs, de grandes toiles, à l'aide d'outil et de méthodes très particulières.
L'exposition débute par une oeuvre proche de l'Art Primitif, et enchaîne avec une quinzaine d'oeuvres dites surréalistes, de grands tableaux aux couleurs éclatantes et aux formes ovoïdes telles des viscères fluorescents et à têtes de monstres. Un peu ragoûtantes mais impressionnantes par la qualité de leur réalisation. "Sexe prime" marque particulièrement cette période de par sa taille (5,30m de long sur 2,40m de haut), l'outil utilisé pour la réaliser (le cadre métallique d'un vieux réveil) et par l'effet de relief-profondeur plutôt hypnotique. Hantaï quitte le surréalisme pour entrer définitivement dans l'abstraction. Suivent ainsi des oeuvres faites de petites touches répétées à l'infinie ou d'écritures multiples et superposées où l'effet mécanique et répétitif du geste permet au peintre d'entrer dans une discipline imposée qui favoriserait son abstraction de l'oeuvre. Ce soucis de minimiser au maximum son influence sur l'oeuvre amène Hantaï à appliquer de nouvelles techniques : le pliage-froissage-plissage-nouage de la toile. Ces techniques laissent sensiblement au hasard le soin de faire son oeuvre même si le profane se rend bien compte qu'il ne pourrait pas obtenir le même résultat. Ainsi les tableaux des séries "Mariales", "Catamurons" et "Panses" offrent des compositions chromatiques épatantes, des effets de lumières et un relief, réel ou non, qui taquinent l'oeil. La période "Meuns" suit avec des tableaux effectués avec la même technique de ceux de "Panses" mais au rendu totalement différent. Ici les oeuvres sont plus épurées et les formes créées par le nouage sont dessinées sur fond blanc telles des oeuvres de Matisse.
Toujours dans son soucis de s'abstraire, Hantaï adopte une nouvelle technique dite "à l'aveugle". Créées en capitons, les "Tabulas" impressionnent, particulièrement dans sa version rouge-rosée. Le quadrillage blanc met particulièrement en lumière la diversité des effets de couleur des cadres peints. L'exposition se clôt par les oeuvres créées dans les années 90 à partir de "Tabulas" présentées à la biennale de Venise 10 ans plus tôt. Hantaï redécoupe ces oeuvres pour en créer d'autres dans des sortes de zooms. Il nomme ces nouvelles peintures "Les laissées".
Une exposition passionnante.