John Cassavetes et Gena Rowlands ont été un couple emblématique du cinéma indépendant américain. Un cinéma fait à la maison, entre amis et en famille, aux sujets audacieux qui n'entraient pas dans les cases des films de studios. Contre présente un portrait de cet homme et cinéaste incontrôlable qui naviguait hors des sentiers battus et en filigrane de sa femme comédienne géniale.
La pièce déroule son récit à travers la création d' Une femme sous influence, le rapport des critiques au cinéma de Casavetes et des interrogatoires policiers au sujet d'une agression supposée d'un chef opérateur par Casavetes lui-même.
Ainsi le récit dessine la création, ies difficultés de donner vie à une oeuvre décalée dans un cinéma devenu business, l'art de la critique et ses bons mots, le portrait du réalisateur farouchement à contre courant, arrogant et vindicatif et l'importance de son entourage dans la réalisation de ses œuvres.
Sur le plateau, trois espaces : un studio TV, un commissariat et le salon des Casavetes - Rowlands, souvent lieu de tournage. Dans cette mise en scène de Sébastien Pouderoux et Constance Meyer, la circulation entre ses trois espaces est très fluide. Et si la vidéo intervient c'est avec pertinence sur les scènes d'interrogatoires ; les comédiens filmés ainsi en gros plans donnant libre court à un jeu très expressif.
C'est intelligent, drôle et excellemment interprété. Dominique Blanc en Pauline Kael, critique à la dent dure, et Marina Hands, en imperturbable Gena Rowlands, sont magnifiques de justesse, d'élégance et de drôlerie. Sébastien Pouderoux est parfaitement inquiétant, suffisant et éruptif dans le rôle du maître et Nicolas Chupin plus vrai que nature en Peter Falk Ils sont très bien accompagnés par Jordan Rezgui, Antoine Prud'homme de la Boussiniere, Rachel Collignon et Blanche Sottou.
Une création totalement réussie.