SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Azzeddine Ahmed Chaouch se penche sur le rapport de la société française, et particulièrement dans sa pop culture, à sa population d'origine arabe.
A travers l'image véhiculée par la télévision (et par extension, la musique, les comiques et le sport) depuis les années 80, il conte l'évolution de la "réputation" des arabes au fil de l'avènement de personnalités culturelles (Smaïn, Rachid Arab, Rachid Taha, Faudel, Djamel, Tahar Rahim...), sportives (Zinedine Zidane et la France Black,Blanc, Beur...) et d'événements (attentats du 11 septembre 2001...).
Melha Bedia, Ramzy Bedia, Rachida Dati, Hakim Ben Amer, Morald Chibout, Mehdi Charge, Naima Yahid, Nesrine Slaoui,... témoignent de cette position de français arabe de France, des préjugés auxquels ils ont fait face, de leurs doutes sur leur légitimité, des périodes de popularité...
Ce documentaire, entre histoire de l'immigration, pop culture et séquences clinquantes et familières, oscille entre sérieux et anecdotes. Dans cet équilibre précaire, il s'avère curieusement à la fois intéressant, drôle et émouvant.
Dans le parc naturel des Cévennes, territoire classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, 2 400 espèces animales cohabitent. Il y a 40 ans, Marie-Pierre Puech, jeune vétérinaire s'y installe. En 2008, à Ganges, elle créé L'hôpital pour la faune sauvage qui accueille et soigne des animaux sauvages retrouvés blessés jusqu'à 300km alentours. 3 000 animaux y sont soignés chaque année dont 80% d'oiseaux.
Le documentaire de Sandra Malfait, sans intérêt formel particulier, offre à voir l'organisation de cette association qui fonctionne grâce au bénévolat et aux dons essentiellement privés - sur les 300 000€ annuels nécessaires, à peine 15 000€ viennent de fonds publics.
Une chaîne humaine d'une centaine de personnes se déploie pour sauver une faune sauvage essentielle à l'équilibre d'un écosystème attaqué par l'homme. La fragilité et la beauté des animaux filmés, dont des espèces protégées, et les images de leur retour à la nature sont particulièrement troublantes.
En parallèle de la superbe exposition qui lui est consacrée au Musée d'Art Moderne jusqu'en janvier 2024, Nicolas de Staël se (re)découvre aussi sur Arte.
Nicolas de Staël, la peinture à vif retrace la vie du peintre d'origine russe, orphelin à 8 ans, réfugié en Belgique, qui se destina très vite à la peinture. Les pays visités, ses amours, ses malheurs, la matière travaillée au couteau, à la truelle ou à la gaze, les artistes qui l'ont inspiré, Braque et René Char qui l'ont soutenu, Jean Bauret, le collectionneur et ami de toujours, les marchands Jacques Dubourg et Paul Rosenberg, les temps difficiles, ses tourments et la reconnaissance qu'il chercha pour finalement regretter de l'avoir rencontrée.
Le plus grand lavomatic du monde se trouve à Berwyn aux USA, un quartier déshérité dans la banlieue de Chicago. 300 machines y tournent, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Son propriétaire, Tom Benson, fils d'ouvrier qui plus jeune voulu être prêtre, souhaite donner à son entreprise un rôle social important. Ceci, sans toutefois négliger la rentabilité de son entreprise : "Vous pouvez faire des choses magnifiques sans gâcher votre plaisir de faire de l'argent." Soirée pizza le mercredi, animations pour les enfants, loterie gratuite... il multiplie les activités pour fidéliser la clientèle.
Auberi Edler observe cette étrange mini société américaine où Tom et son fils dominent des employées pauvres et épuisées et une clientèle pauvre et fatiguée. La journaliste donne particulièrement la parole à ces salariées, d'origine hispanique ou afro-américaine, aux destins cruels, qui triment durement. De son côté, Tom insiste sur la fonction sociale de son entreprise, en offrant notamment une aide financière à un étudiant méritant. Mais face à lui ou son fils, l'attitude et le langage corporel de ses interlocuteurs et interlocutrices, nous interrogent sur l'impact de la caméra sur son discours.
Ainsi, si Tom Benson représente une certaine réussite à l'américaine, cela fait longtemps que ses employées ont renoncé au rêve américain.
La pièce Tout ce qui ne tue pas a été écrite à partir des témoignages de Jamel, Florian, Matthieu, Mohamed, Medhi, Chamsi, Ami, Antoine, Menelick,.. une vingtaine de jeunes hommes âgés entre 20 et 30 ans et vivant à Sevran et ses environs.
Ils ont raconté leur vie, leurs difficultés, leurs projets à Dorothée Zumstein auteure, et Valérie Suner, metteuse en scène et directrice du Théâtre de la Poudrerie qui propose des spectacles joués à domicile.
Julie Chauvin a suivi la création de la pièce depuis l'interview des témoins, le travail des deux comédiens Teddy Chawa et Julien Leonelli, jusqu'aux représentations chez les habitants de Sevran, au plus près des protagonistes de la pièce. Elle donne à voir la puissance du spectacle vivant qui dans sa forme participative, auprès d'un public au regard neuf, bouscule aussi les spectateurs et les comédiens.