SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 21:32

​​​​​​François Ruffin, rédacteur en chef du journal militant Fakir, enquête sur les conséquences de la fermeture de l'usine textile Ecce de Poix-du-Nord qui fabriquait les costumes Kenzo. Il rencontre Serge et Jocelyne Klur tous deux chômeurs depuis que Bernard Arnault a fermé l'usine pour délocaliser la fabrication en Pologne, puis en Bulgarie. La situation financière des Klur est au plus mal. François Ruffin monte un coup pour que Bernard Arnault verse aux Klur l'argent qui les sauvera de la misère.

Comme l'indique l'affiche du film, Merci Patron raconte l'histoire d'une arnaque. Il ne s'agit aucunement d'une enquête sur les ravages causés par la stratégie financière du Groupe LVMH, données évoquées très rapidement. Façon reportage, fait avec les moyens du bord, dans un esprit "Strip tease", le réalisateur filme le déroulement de l'arnaque, les pièges posés, le coaching (un peu trop manipulateur) des Klur, les rendez-vous (en caméra cachée) avec les représentants du groupe LVMH, les interventions dans les AG.... Il est intéressant de voir le piège se monter si facilement, de voir les Klur renaître et se prendre au jeu de la magouille, de voir à quel point l'arnaque fait effet. On s'interroge sur l'intérêt, d'un point de vue collectif, du procédé. On s'agace de voir à quel point Ruffin se met en scène. On s'étonne (ou on se rassure?) de l'amateurisme avec laquelle une entreprise aussi puissante gère ce genre de risque. Mais surtout, on se demande très vite quelles seront les conséquences de la diffusion du film, de la révélation de l'arnaque pour Serge et Jocelyne Klur. Quelle réaction chez LVMH ? Serge a t-il conservé son CDI chez Carrefour et, surtout, dans quelles conditions ? Comment a réagi l'entourage du couple ? Quelle attitude ont à leur égard les inconnus qu'ils ont croisé depuis ? Le film vaut-il le risque prit par Serge et Jocelyne ?

Date de sortie en salle : 24 février 2016

Date de sortie en DVD : 4 octobre 2016

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21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 22:20

​​​​​​Ossama Mohammed, cinéaste syrien, est invité à Cannes en mai 2011 où il commente une vidéo montrant un adolescent torturé par l'armée syrienne pour avoir taggué sur un mur un message anti-régime. Après le festival Ossama ne retourne pas en Syrie et trouve refuge à Paris. Chaque jour, il collecte sur internet les vidéos postées de son pays par le peuple opprimé et par les militaires oppresseurs. Manifestations pacifistes anti-régime, syriens torturés, tanks et soldats tirant sur des foules sans arme, corps ensanglantés, morts, parents qui pleurent leurs disparus, peuple qui chante la liberté et qui implore Allah, le film montre tout dans des images saccadées, volées aux smartphones. En décembre 2011, Simav, jeune femme kurde de Homs, contacte Ossama et lui demande "Si tu avais ta camera à Homs, que filmerais-tu ?". A son tour avec sa caméra, elle montre le siège de Holms, les bombes qui tombent sur la ville, les blessés, les morts, la peur tout le temps, les femmes et les hommes qu'on bat, les corps de ses morts que l'on tente de récupérer sans se faire à son tour canarder, les animaux eux aussi affamés et estropiés, les maisons détruites, l'exode sur les routes, les enfants qui veulent continuer à aller à l'école et à cueillir des fleurs.

Eau argentée n'est pas une fiction. Il s'agit d'un documentaire fait des vidéos qu'Ossama a trouvé sur Internet et des films réalisés par Simav à Homs jusqu'en 2014. En voix off, leurs échanges sur internet où ils tentent de comprendre, de se rassurer, d'expliquer et les mots du peuple syrien. Aux premières semaines du soulèvement, sur une vidéo au smartphone, un manifestant dit "N'aie pas peur. Dieu voit tout.". Aux dernières minutes du film, dans les rues de Homs dévastée et abandonnée, alors que la camera de Simav le suit, Omar, 5 ans à peine, dit "C'est comme si c'était la nuit mais il y a de la lumière".

En 5 ans, de répression par Bachar el Assad, 400 000 syriens, hommes, femmes, enfants, ont été tués et des millions se sont exilés. La guerre continue.

Date de sortie en salle : 17 décembre 2014

Date de sortie en DVD : 2 juin 2015

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 21:22

Le nouveau film de Yann Arthus Bertrand est une oeuvre étrange dont on ne comprend pas très bien ce qu' elle est censée nous dire.

Le film alterne images magnifiques du monde et récits de personnes de différentes origines. Comme si YAB avait mixé les images de son film "Home" et les témoignages de "6 milliards d'autres". Mais alors que "6 milliards..." était organisé autour d'une structure qui lui donnait tout son sens, "Human" nous sert en vrac des images, d'on ne sait où, prises d'hélicoptère et des témoins non identifiés, dans un sorte de zapping géant. Face à cet anonymat généralisé et à ces paysages de cartes postales, difficile de ressentir un intérêt et une empathie sincère, c'est à dire autre qu'une émotion réflexe créé par les musiques ou les larmes versées par les témoins.

Dans "Human", tout est désincarné, ce qui, compte tenu du sujet que sous-tend le titre, est un peu incongru. Dommage.

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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 19:42

Asif Kapadia retrace la vie d'Amy Winehouse, chanteuse-auteur-compositrice de génie, morte à 27 ans.

Le souci de ces documentaires post mortem c'est qu'ils ont tendance à lorgner du côté des poubelles. Asif Kapadia n'y résiste pas et s'éternise sur les vidéos, photos et témoignages de la déchéance d'Amy. Le film donne l'impression, et ce en dépit des réjouissantes séquences de casting, studio et concerts, de passer plus de temps sur les souffrances de la jeune femme que sur son travail. L'artiste d'exception qu'était Amy Winehouse méritait un autre traitement : un documentaire au plus près de la musique et non des faits divers. Si la première partie du film enthousiasme c'est que les séquences laissent voir l'impertinence, l'humour, l'intelligence d'Amy Winehouse et son talent se découvrir. On ne sait pas très bien si l'émotion qui nous saisit dans la seconde partie naît de voir cette artiste souffrir ou de la voir, une fois encore, salie en public.

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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 13:11

En 1956, 10 ans après la seconde guerre mondiale, Alain Resnais se rend dans les camps de concentration. Pour relater l'horreur qui s'y déroulait, pour rendre hommage aux déportés, pour essayer de comprendre, il mêle ses images des camps abandonnés à de nombreuses images d'archives dans leur violence extrême prises par les SS ou par les alliés à la libération des camps.

En voix off, sur un ton crépusculaire, Michel Bouquet explique les convois, la sélection, l'organisation du camp, le calvaire des déportés, la perversité des punitions, les expérimentations, le recyclage des corps...

D'une durée de 30mn, Nuit et Brouillard est l'un des grands témoignages de ce que fut l'horreur de l'Holocauste.

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