SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
On peut être lassé de la recette d'écriture faite d'instantanés-clichés et de name-dropping, on peut avoir l'impression d'avoir déjà entendu ces mélodies, on peut ne pas être particulièrement fan du chanteur et passer un excellent moment au concert de Vincent Delerm.
Un piano à queue en centre scène sur fond d'écran géant. Un chanteur joueur qui manie parfaitement l'autodérision. Des sketchs-interludes, de l'humour, de l'impro, des surprises, des voix off, de l'émotion. L'envie de revoir La nuit américaine. L'hommage à Agnès Varda. La reprise de deux titres du premier album, l'Album qui excusera pour toujours le reste de la discographie. Puis Clotilde Hesme. Puis les vidéos minimalistes au design très épuré qui tapissent le fond de scène et capturent le chanteur. Puis, le bonheur de l'artiste. Et puis, le plaisir du public.
Sur scène huit musiciens dont quatre à cordes et un piano blanc pour Julien Clerc. Au dessus du piano sont suspendus des débris d'écrans (à moins que ça ne soient les voiles d'un bateau) sur lesquels sont projetées images et vidéos illustrant chaque chanson. Les lumières particulièrement soignées dessinent des paysages et épousent la cadence. La très belle scénographie de Ladislas Chollat habille avec élégance et énergie ce tour de chant qui fête 50 ans de carrière.
Julien Clerc, 70 ans, des allures de jeune homme, très classe, très souriant, grande voix
puissante, prend un plaisir évident à être là et prend le temps d'en profiter entre chaque titre. Son entrée seul en scène sur Utile créé l'émotion d'emblée. Puis, les tubes s’enchaînent, 25 environ, dans leur orchestration quasi d'origine. Du chef d'oeuvre Le Coeur Volcan, en passant par le nanar Mélissa, toutes ses périodes, de 1968 à son dernier album, dont il interprète quatre titres, ont leur place dans ce spectacle. La Californie, Let's the sunshine, Ce n'est rien, Si on chantait, Le patineur,Fais moi une place, Si j'étais elle, Femmes je vous aime, Partir, Le grand oiseau (d'Emilie Jolie), Si on chantait, Souffrir par toi n'est pas souffrir, Ma préférence, Double enfance,... et un hommage à son parrain de scène, Gilbert Bécaud, avec "C'est en septembre".
Et voilà trop vite passées, deux heures de concert enthousiasmant qui donne envie de remettre ça à la salle Pleyel les 16, 17 et 18 mars prochains.
En 1986, Barbara, accompagnée de Gérard Depardieu, triomphait sur scène avec sa comédie musicale Lily Passion. Lui, David, un beau blond, suit la tournée de Lily, la grande chanteuse. A chaque étape il est là et il assassine.
L'idée de cette création, qui s'avérera majeure dans la carrière de Barbara, a vu le jour en 1982, année où la dame en noire décide d'écrire une comédie musicale. En octobre 1985, Barbara entre en studio pour enregistrer les 11 titres de cette histoire où l'on devine à chaque mot la vie, les envies et les peurs de la chanteuse. Ces enregistrements studio, qui avaient été réalisés sans destin défini, ont très vite disparus, les chansons n'existant plus que sur un enregistrement Live de Lily Passion. En 2013, alors que Universal s'est lancé dans la numérisation de l'ensemble des masters de Barbara, les enregistrements studio réapparaissent miraculeusement.
A l'écoute, on est saisi par la clarté de la voix et la beauté des arrangements (écrits par William Sheller) entre emphase à cordes et retenue jazz. Mais toujours, la voix domine. On redécouvre avec un bonheur et une émotion toute nouvelle la beauté de ces chansons.
Le disque sera disponible dans les bacs dès le vendredi 6 octobre.
Barbara en 1964 par Stan Wiezniak et en 1968 par Claude Delorme. Photo d'illustration de l'article par Giancarlo Botti.
Ce 8 juin, la scène de La Cigale est habillée de bleu Touareg et de la couleur ocre du sable. De grandes tentures souples pour décor et des pièces de tissus bleu pour accessoires, un soleil qui résonne sous les mains du musicien, Camille nous convie au coeur d'une nature sauvage et nue.
Deux percutionnistes, un claviériste et trois choristes accompagnent son chant et ses danses. L'artiste interpréte d'anciens morceaux dont Home, Ta douleur, Pâle septembre, Tout dit, Allez, Allez (Ici en vidéo réalisée lors du concert du 7 juin par Kéké) mais, ce concert est surtout dédié aux titres de son nouvel album Ouï où les percussions et le chant dominent. Le rythme et la polyphonie semblent n'avoir jamais été aussi présents que sur cet album. La virtuosité de la musicienne et de la chanteuse, l'énergie de la danseuse impressionnent cette fois encore et enflamment une salle composée d'un public certes conquis d'avance et qui ne boudera pas son plaisir jusqu'à la dernière seconde.
Si durant la première partie du concert la chanteuse échange peu avec son public, la seconde partie offre plusieurs occasions d'intéractions dont deux plus marquantes. Sur Seeds, la chanteuse accompagnée de ses musiciens, tambours autour de la taille, se faufile dans la petite fosse de la Cigale, fendant un public ravi. Puis, ce sera l'occasion pour certains de monter sur la scène et de chanter en chorale avec elle, un "solstice" en souvenir d'une désormais fameuse séquence avec le Président François Hollande. Deux heures de concert où l'impressionnant talent et l'exceptionnelle énergie de Camille emportent tout.