SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

29 octobre 2006 7 29 /10 /octobre /2006 21:12

Ce week-end, France 3 nous propose de nous plonger dans l'intimité de l'Affaire Villemin.
Intimité des victimes Christine et Jean-Marie Villemin, intimité de la justice égarée et de la police ripoux, intimité de la presse déchaînée et sans scrupule, intimité de Laurence Delcourt reporter dépassée et écoeurée par ce qu'on lui fait faire, par ce qu'elle voit et qui se débat.

L'Affaire Villemin ça fout la trouille et des sentiments trés forts comme le dégoût et la honte mais aussi la compassion et le respect.


Dégoût de la Presse en meute qui se jette sur les Villemin et ne recule devant aucun stratagème pour sortir le scoop. A commencer par Jean Ker, reporter-photographe pour Paris Match qui en échange de photos exclusives fait écouter aux Villemin certains procés verbaux qui accusent Laroche (que tuera quelques semaines plus tard Jean-Marie Villemin...).
Interviewé à Arrêt sur Images ce dimanche, il était quasi sans regret, inconscient de l'irresponsabilité et de l'ignominie de son comportement tout le long de cette affaire. N'en tirant aucune leçon, par contre, très fier de ses photos et de ses scoops...
Jean-Michel Bezzina, ensuite, correspondant à la fois pour Agence France Presse, RTL, Le Parisien, France Soir..., il lance les accusations fantaisistes sur Christine Villemin et s'acharne sur elle.

Honte de notre police et de notre justice (bien que depuis l'affaire Outreau, le juge Lambert fasse figure de petit joueur dans le cercle des incapables...),
Honte pour Marguerite Duras, vieille folle à la plume assassine.
Honte de la nature humaine qui mène les hommes aux comportements les plus vils et les plus lâches, perdant la raison et étrangers à toute forme d'empathie.

Compassion pour Christine et Jean-Marie Villemin qui ont survécu à l'invivable : mort par assassinat de leur enfant, infamie de la presse, acharnement de la police, errement de la justice et de ses experts, accusation du pire, séjours en prison, suspicion portée par l'opinion publique pendant des années, poussés à la vengeance aveugle.


Respect pour Christine et Jean-Marie Villemin, celui que l'on doit à tous ceux qui se sont battus seuls contre tous, passant de l'état de victimes à celui d'accusés.

On ne sait toujours pas qui a assassiné le petit Grégory.
Mais, on a bien identifié qui sont les bourreaux de ses parents.
L'avocat des Villemin s'adressant à la presse dira :
"L'assassin du petit Gregory peut se réjouir il n'a plus besoin d'envoyer de lettres anonymes pour torturer ses parents, vous vous en chargez."

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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 16:10

Le grand public a fait sa connaissance au 1er trimestre 2005, alors qu'elle est retenue en otage en Irak, enlevée avec Hussein son fixeur, lors d'un reportage à l'université de Bagdad. Le visage de Florence Aubenas, journaliste à Libération, apparaît alors dans les médias, est tagué dans les rues, affiché sur le fronton des institutions. Libérée après 157 jours de détention, Florence Aubenas revient et répond aux interviews souriante et heureuse d'être libre. Impressionnante.

Elle se lance dans la réécriture d'un livre débuté avant sa privation de liberté, un livre sur une affaire qui secoue la France, l'Affaire d'Outreau. Dans "La Méprise", Florence Aubenas se penche sur chaque protagoniste, chacun enfermé dans une vie de violence, dans les fantasmes des adultes, dans une incarcération arbitraire, dans le rêve d'une grande affaire... Les criminels, les enfants violés, les innocents accusés, le jeune juge d'instruction comme envouté... Aubenas trace le portrait d'un quartier et des protagonistes, adultes et enfants, citoyens lambda et représentants de l'ordre. Elle décrit leur rôle, celui qu'ils ont tenu et celui qu'ils leur a été attribué, la folie qui semble avoir gagné ceux qui ont sur eux droit de vie ou de mort, le tout avec une précision, non dénué d'humanité mais sans concession. Elle a eu accès au dossier est retranscrit fidèlement les mots tenus par chacun. Ce qu'elle écrit dit beaucoup sur la misère humaine, la difficulté de vivre une vie simple à côté de ceux qui possèdent encore moins, la force de la volonté de vouloir exister d'une façon ou d'une autre, le poids d'une société qui dicte ses lois sans nuance. Une humanité folle où toute la bonté du monde peine à prendre prise.

 

 

 

 

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