SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 21:46

hollywood

Hollywood, 1939, David Selznick, producteur de cinéma, s'enferme dans un bureau, avec le réalisateur Victor Fleming et le scénariste Ben Hecht, pour réécrire, en 5 jours, le scénario tiré du best seller de Margaret Mitchell "Autant en emporte le vent".

Hollywood, la pièce bénéficie de critiques plutôt bienveillantes, voire chaleureuses et s'avère pourtant bien décevante.

 

Hollywood ne parle pas vraiment de cinéma, pas vraiment du film "Autant emporte le vent", seules quelques scènes sont évoquées sur le ton de la grosse farce.

Hollywood traite peu de politique à la veille de la seconde guerre mondiale, même si le statut bancal des juifs d'Amérique est plusieurs fois évoqué.

Hollywood n'aborde jamais réellement les affres de la création.

Bref, Hollywood parle peu de ce qui pourrait avoir un minimum d'intérêt et se complait en revanche à centrer toute son attention sur la fatigue qui gagne les protagonistes au fur et à mesure des jours qui défilent.

Tous les trois se nourrissent exclusivement de bananes et de cacahuètes - rires - le scénariste à très mal au dos et aux doigts à force de taper à la machine à écrire - rires - ils sont épuisés à en perdre les pédales  et dormir debout - rires- ils finissent par en revenir aux origines de l'homme c'est à dire singe - rires - les bananes... forcément.

 

A la paresse du scénario, à l'absence de fond, et je ne vous parle pas de la mise en scène inexistante, s'ajoute l'incroyable faiblesse du texte. Pas une réplique franchement drôle. Tout est éculé. Quite à faire dans la grosse farce on pourrait au moins avoir quelques bons mots. On finit par penser que les pièces de Baffie sont géniales.

Les acteurs, eux, s'amusent et en fond des tonnes. Surtout Thierry Frémont et Samuel Le Bihan qui sans doute moins rodés à l'exercice sur jouent pas mal. Au milieu de tout ce médiocre, Daniel Russo apparaît une fois encore comme un excellent comédien. ll dose parfaitement et est largement au-dessus du lot.

Pendant cette heure et 45 minutes, je me suis raccrochée à lui pour que tout cela paraisse moins long.

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 17:01

sophia aram 2Sophia Aram débute la soirée par une mise en bouche chorégraphiée parfaite et par cet avertissement : "Ce spectacle est déconseillé aux personnes plaçant leur foi au dessus de leur sens de l'humour."

Excellente introduction donc, qui place de suite le public dans l'humeur qui convient.

Car "Crise de foi" parle d'un sujet des plus délicats : la religion et plus particulièrement les trois religions monothéistes. Sophia Aram passe sans cesse de l'universel au personnel, du propos fondé sur les textes sacrés aux applications libres, de l'athéisme forcené au doute, de la tendre réprimande à la condamnation ferme. Et ce, avec une science du dosage assez bien maîtrisée. Certains regretteront sans doute qu'elle ne soit pas plus trash. Mais c'est justement cette ironique retenue qui fait la qualité du spectacle.

Bien joué !

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 12:24

moi_je_crois_pas_assis.jpgMoi je crois pas ! met en scène un vieux couple qui comble le vide de son existence par le visionnage de documentaires animaliers pour elle et par la mise en doute de toutes choses par lui.

Les12 saynetes dont les mises en lumière et en scène laissent supposer que l'histoire renferme un enjeu, une certaine gravité, une profondeur déçoivent. Il s'avère que le texte est convenu, sans surprise, pas très drôle, pas vraiment méchant et même pas loufoque. Le niveau de vocabulaire utilisé n'est pas très beau. Sans doute pour faire plus français moyen... le mari jure "putain" et demande "qu'est-ce qu'on bouffe" sans cesse. Ainsi, le texte ne séduit ni dans sa forme, ni dans la force de son propos.

On se demande bien ce que Catherine Hiegel et Pierre Arditi sont venus faire dans cette galère. Elément de réponse : excellents tous les deux, ils comblent de leur immense talent une partie du grand vide qui occupe la pièce de Jean-Claude Grumberg.

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 23:28

francis-huster.jpgAutant le dire tout de suite, Bronx a un seul défaut : l'utilisation pour musique de "générique" d'un Moon River certes charmant mais affreusement guimauve. Bronx "rate" donc son entrée et sa sortie.

Oublié ce détail, la pièce est une réussite. Le décor (Stéphanie Jarre) vous plonge immédiatement dans l'univers de Cologio qui nous conte son enfance et son adolesence. Le récit écrit par Chazz Palminter est harmonieux, les personnages parfaitement dessinés en peu de mot. Le texte mélange descriptions réalistes d'un milieu et d'une époque, et dialogues drôles ou émouvants. La mise en scène (Steve Suissa) à la fois simple, vive et astucieuse, à l'accompagnement sonore judicieusement dosé et aux belles lumières, est particulièrement efficace. Mais toutes ces qualités ne seraient rien sans l' exceptionnelle interprétation de Francis Huster qui seul en scène incarne les 18 personnages. Il offre à chacun une tonalité, voix, gestuelle, parfois à peine esquisée mais suffisante pour qu'on identifie instantanément le personnage. Il nous emporte dans cette histoire avec une merveilleuse facilité. Quelle joie de retrouver ici le Francis Huster flamboyant qui s'était un peu égaré ces dernières années. Le très grand Francis Huster est de retour. Oh, joie !

 

PS : parmi les spectateurs, un présentateur des matinales de France 2, un ancien joueur de rugby et Jean-Pierre Mocky

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 20:01
Take Shelter de Jeff Nichols

Curtis vit avec sa femme et sa petite fille, sourde, une vie heureuse. Pourtant, une angoisse chaque jour un peu plus oppressante l'envahit.

Michael Shannon, scrutant le ciel, seul contre tous, est particulièrement impressionnant dans sa capacité à nous faire ressentir son angoisse. Nichols parsème sans cesse le doute. Curtis perd t-il la tête ou perçoit-il ce que les autres ne voient pas ? La petite musique de David Wingo sert parfaitement le doute. Le récit (scénario de Jeff Nichols) est mené avec une efficacité rare de nos jours. La patte d'un grand cinéaste.

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