SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

7 mai 2025 3 07 /05 /mai /2025 14:40

Le 13 novembre 2015, en Tunisie, près du village de Slatnya, Mabrouk Soltani, 16 ans, est décapité par des Djihadistes alors qu'il fait paître son troupeau dans la montagne. Son cousin qui l'accompagne est laissé en vie pour apporter la tête du supplicié à sa mère et témoigner de la punition.

10 ans plus tard, Lofti Achour renomme les deux enfants Nizar et Achraf et reconstitue les évènements. La complicité des cousins, la dureté de la vie au milieu d'un désert de cailloux, la beauté et l'indépendance de la cousine convoitée, le meurtre, la peur des représailles, le deuil impossible, la recherche du corps, l'indifférence des autorités, le traumatisme d'un enfant... Achour retrace cette histoire et ses conséquences immédiates à travers le regard traumatisé d'Achraf. C'est par lui qu'Achour fait le portrait d'une jeunesse sacrifiée, assassinée ou témoin de la barbarie. Ainsi quand dans un rêve Achraf revoit Nizar et lui demande s'il a souffert, Nizar lui répond "moins que toi".

Si le film est très fort par l'histoire dont il est tiré, il l'est également par la forme de son récit qui contre-balance la violence du propos par une vision onirique des relations entre les enfants et de leur rapport à la mort. Enfin, l'esthétique du film sert parfaitement le message. La photographie est magnifique, autant dans les quelques scènes d'intérieur que dans celles en montagne ou sur le sol aride qui entoure le village. La beauté et l'excellence des comédiens, dont les jeunes Ali Helali, Yassine Samouni et Wided Dabebi, est aussi remarquable.

Un film bouleversant à voir en salle.

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1 avril 2025 2 01 /04 /avril /2025 09:50

Inspirée par Raymond Depardon et Sophie Calle notamment, Zabou Breitman, secondée par le documentariste et monteur Florent Vassault, se lance à la recherche de l'identité d'un jeune garçon qui figure sur des photos de famille découvertes dans une brocante.

Mêlant et entremêlant documentaire et fiction, Le garçon propose une expérience unique.

Il s'agit de suivre l'enquête et de plonger dans la vie d'un inconnu à travers les réflexions de ceux, même s'ils ne l'ont pas connu, que Florent Vassault interroge lors de ses recherches et qui se prennent à imaginer qui il est, ce qu'il ressent, ce qu'il a vécu. Ces témoignages souvent empathiques semblent en dire tout autant si ce n'est plus sur ceux qui les portent.

Parallèlement, inventer 24h de la vie du garçon en se basant et en associant certaines photos, en les mettant en scène interprétées par des comédiens (Isabelle Nanty, François Berleand, Jean-Paul Bordes, Florence Muller...) qui reprennent pour dialogues les réflexions des "témoins". 

Si la partie recherches menées par Florent Vassault, qui occupe l'essentiel du film, tient en haleine, la partie fiction, pauvre en action par soucis de ne pas trahir ses personnages réels au destin inconnu, permet de donner vie au garçon et à sa famille. L'incarnation de Damien Sobieraff est pour beaucoup dans l'attachement qui gagne le spectateur et l'émotion qui le saisit.

Attention : surtout ne lisez pas les critiques ! Certains médias ont trouvé judicieux de dévoiler la fin de l'histoire, ce qui ne peut que gâcher le visionnage du film.

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22 mars 2025 6 22 /03 /mars /2025 12:51

En mai 1968, la famille Boltanski vit soudée dans un appartement de la rue de Grenelle. Entre effrois et envie d'en être, ils suivent les mouvements sociaux.

Le film est inspiré du livre autobiographique de Christophe Boltanski (prix Femina 2015). Les scénaristes ont toutefois choisi de concentrer son action en mai 68. Le film fait le portrait d'une famille haute en couleurs, marquée par la guerre et la déportation, vu par les yeux d'un petit garçon de 9 ans, Christophe, le narrateur.

Il est le seul avec ses parents à ne pas vivre en permanence dans l'appartement familiale qui est occupé par Grand oncle, linguiste, Petit oncle, plasticien qui a eu la mauvaise idée de lancer sa première exposition ce mois de mai, l'arrière grand-mère, nommée Arrière Pays, qui est arrivée d'Ukraine à la fin du XIXe siècle, Mère-grand sociologue et Père-grand, médecin généraliste qui a peur du sang. Ils vivent très soudés, semblant limité les sorties à l'extérieur de leur appartement au maximum. Au mieux, ils utilisent l'Ami 6 conduite par Mère-grand qui y donne ses rendez-vous.

Le film séduit par la générosité de ses comédiens, tous excellents, Dominique Reymond, d'une finesse de jeu inégalable, Michel Blanc, touchant de fragilité dans son dernier rôle, Liliane Rovere, géniale, William Lebghil, très crédible en linguiste premier degrés, Aurélien Gabrielli, tout à fait crédible en Christian Boltanski et la révélation, le jeune Ethan Chimienti. Mais le film séduit également formellement. Il nous invite dans les souvenirs de Christophe et en adopte les couleurs, les zooms sur des détails et le son du moteur du projecteur des films en super 8 de l'époque dans les scènes de voitures où le paysage qui défile est volontairement artificiel.

Un film charmant.

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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 15:06

George (Michael Fassbender) et sa femme, Kathryn (Cate Blanchett) sont agents des Services Secrets Britanniques. Quand George est missionné pour démasquer une taupe, il convie tous les suspects à dîner chez lui. Kathryn en fait partie.

Steven Soderbergh propose un thriller en quasi huis clos. Pas de poursuite de voitures, pas de coups de feux. Il s'agit ici d'un polar psychologique d'une élégance toute britannique. Les tenants et aboutissants de la trahison sont un peu bancals mais ce n'est pas l'important. Ce qui importe ce sont les relations de confiance et le poids du mensonge dans la vie de couple.

Esthétiquement tout est soigné et l'élégance règne du casting qui compte entre autres Michael Fassbinder et Cate Blanchett jusqu'à la réalisation et la photographie très soignées comme souvent chez Soderbergh. 

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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 22:11

La 50e édition des César était présidée par la grande Catherine Deneuve qui a dédiée la cérémonie à l'Ukraine. 

Les lauréats sont :

Meilleure Réalisation : Jacques Audiard pour Emilia Perez

Meilleur Film Emilia Perez de Jacques Audiard 

Meilleur acteur : Karim Leklou dans Le roman de Jim

Meilleure actrice : Hafsia Herzi dans Borgo

Espoir Masculin : Abou Sangaré dans L'histoire de Souleymane

Espoir Féminin : Maïwène Barthélémy dans Vingt Dieux

Meilleure Adaptation : Emilia Perez de Jacques Audiard

Meilleur Scénario originaleL'histoire de Souleymane de Boris Lojkine

Meilleure Actrice dans un second rôle : Nina Meurisse dans L'histoire de Souleymane 

Meilleur Acteur dans un second rôle : Alain Chabat dans L'amour Ouf

Meilleur Film d'animation : Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau de Gints Zilbalodis,

Meilleur Film étranger : La zone d'intérêt de Jonathan Glazer

Meilleur Premier film : Vingt Dieux de Louise Courvoisier

Meilleur montage : Xavier Sirven pour L'histoire de Souleymane

Meilleur Musique originale : Clément Ducol et Camille pour Emilia Perez

Meilleurs costumes, meilleurs décors pour Le Comte de Monte Cristo d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

Meilleur son, meilleurs effets visuels, meilleure photo pour Emilia Perez de Jacques Audiard 

César d'honneur attribués à Costa Gavras et Julia Roberts

 

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