SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Guillaume, David, Willy et Florence sont réunis pour un tournage.
Quentin Dupieux, réalisateur aux héros et univers barrés, nous plonge cette fois dans une fourmillante mise en abîme à 3, 4 ou 5 bandes. Pour décor un tournage, pour héros des comédiens confirmés ou débutants, pour propos les travers de notre société auxquels le milieu du cinéma n'échappe pas. C'est finement réalisé servant parfaitement l'effet comique et grinçant.
Léa Seydoux, Vincent Lindon, Raphaël Quenart et Louis Garrel sont accompagnés par Manuel Guillot dans le rôle du figurant qui subit le rêve de sa vie. Tous les cinq sont excellents dans un film fait de longs plans séquences où la qualité de jeu est primordiale.
Melissa, surveillante de prison expérimentée, a quitté le continent, avec compagnon et enfants, pour prendre un nouveau poste dans la prison de Borgo. Elle est affectée à "la section ouverte", là où les prisonniers circulent librement, là où il est dit que ce sont "les prisonniers qui surveillent les surveillants".
Stéphane Demoustier dessine une série de portraits haut en couleur sans tomber dans la caricature. Soucieux de la vraisemblance de ces personnages, il a fait appel à des comédiens Corses, tous excellents, sans sur-jeu. Il parvient à échapper au film caricatural de caïds ou mafieux et tisse avec précision la toile dans laquelle, petit à petit, Melissa s´emmelera.
Hafsia Herzi est parfaite de naturel dans la posture inconfortable (pour la comédienne comme pour son personnage) de l´autorité mâtinée d´humanité. La demonstration de la bascule difficilement évitable en est d´autant plus forte.
1928, à Paris, Ida Rubinstein, danseuse et chorégraphe, commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Ravel se retrouve confronté aux affres de la création.
Anne Fontaine, à travers la création du Boléro, esquisse le portrait d'un homme, sans femme ni enfant, à la fois distant et d'une grande sensibilité, obsédé par la musique, tout à la fois, reconnu pour ses compositions et malmené par la critique. Un homme mystérieux essentiellement entouré et épaulé par des femmes. Sa mère Marie (Anne Alvaro), la pianiste Marguerite Long (Emmanuelle Devos), Ida Rubinstein (Jeanne Balibar) et Misia Sert (Doria Tillier), sa chère amie, auxquelles s'ajoute son fidèle compère Cipa Godebski (Vincent Perez), sont les autres personnages principaux de ce faux biopic, tous excellemment interprétés.
Raphaël Personnaz est parfait dans le rôle du compositeur obsessionnel, aux sentiments et actes contradictoires, entre euphorie créatrice, découragements et auto dépréciation. Un technicien de la musique semblant se défier des sentiments mais y tombant pourtant.
Dans les 90 premières minutes, la réalisatrice parvient à effleurer, à travers le récit de la création d'une oeuvre connue et reconnue, la personnalité mystérieuse de son créateur. La dernière demi-heure dédiée à la maladie de Ravel est moins convaincante, voir inutile.
Adam, écrivain, homosexuel, vit seul à Londres dans une tour vide avec un jeune homme pour seul voisin. Il retourne sur les lieux de son enfance, et retrouve dans leur maison, ses parents au même âge que lors de leur mort lorsqu'il avait 12 ans.
Cette histoire fantastique met en scène son héros dans un des fantasmes de beaucoup : pouvoir retrouver les gens aimés décédés et leur dire ce qui n'a jamais pu être dit, l'occasion unique d'une grande séance de psychanalise.
Les quatre comédiens (Andrew Scott, Paul Mescal, Jamie Bell et Claire Foy) sont très bien. L'omniprésence de la musique agace un peu, tout comme l'excès de pathos d'autant moins digeste que les dialogues sont d'une grande pauvreté et le récit inutilement alambiqué. Il aurait fallu une plume de qualité pour conter cette histoire d'écrivain souffrant, pour différentes raisons, d'une immense solitude.