SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Elizabeth s'invite chez Gracie et Joe. Dans un prochain film qui racontera l'histoire du couple, Elizabeth interprétera le rôle de Gracie. Elle souhaite en savoir plus sur ce couple peu ordinaire qui fit la une des journaux 20 ans plus tôt.
Todd Haynes déploie doucement son récit et dessine le portrait de ses personnages par petites touches. Il nous mène tour à tour sur des pistes contradictoires, défiant le spectateur de pouvoir se faire une opinion tranchée sur les protagonistes. Ici tout est vénéneux. Les faux-semblants règnent, et les faces à faces entre les deux femmes oscillent entre jeu de séduction et affrontement. Au milieu de ces deux héroïnes, un homme, confus, trop jeune pour être le père d'enfants qui entrent en fac, trop vieux pour vivre l'adolescence qu'il n'a pas eu.
La réalisation à la fois élégante et à l'occasion curieusement démonstrative avec des zooms avant sur les visages et le choix d'une musique pesante (Michel Legrand- Le Messager de Losey) souligne l'ambiguïté.
Nathalie Portman est impressionnante dans le rôle de l'actrice sans scrupule, Julianne Moore est parfaite d'ambivalence et Charles Melton excelle en homme à la fois complice et victime, totalement paumé.
Judith, journaliste, cherche à interviewer Salvador Dali. Mais le maître, résiste.
Quentin Dupieux confie le rôle de Dali à cinq comédiens - Jonathan Cohen (excellent), Édouard Baer (brillant), Pio Marmai, Gilles Lelouch et Didier Flamand - qui se succèdent ou s'intercalent parfois dans les mêmes scènes. Cette valse des comédiens fonctionne étonnamment bien et participe à exposer la personnalité multiple et complexe du facétieux peintre. Autour du simple postulat de départ de la quête de Judith (Anaïs Demoustier, parfaite), Dupieux multiplie les références à l'univers surréaliste de Dali et à sa personnalité fantasque, et profite de 2 ou 3 scènes assez réjouissantes pour dénoncer le machisme dans l'art et le "fric fou claqué" dans le cinéma.
C'est ingénieux, esthétiquement référencé et souvent très drôle.
Romain Duris, Agnès Hurstel, Marie Bunel, Eric Hegger, Catherine Schaub-Abkarian... complètent l'excellent casting.
Sophia, professeur de philosophie dans une université du 3e âge de Montréal, vit depuis 10 ans avec Xavier, intellectuellement parfait mais un peu chiant. Un jour, elle rencontre Sylvain, le charpentier qui effectue les travaux dans sa résidence secondaire.
Mona Chokri interroge l'amour, ce qui le fait naître, ce qui le fait durer, ce qui compte vraiment et s'attaque aux clichés sur ce qui créé le désir,
Le film offre des moments de rire et d'émotions particulièrement réussis. Les dialogues sont excellents (trahis par des sous-titres faits à la va vite). La mise en images qui renvoit aux comédiens sentimentales des années 70 est particulièrement plaisante. Les comédiens sont excellents dont Magalie Lépine Blondeau dans le rôle de Sophia.
Malheureusement, le personnage de Sylvain, dessiné à gros traits, sans complexité, n'est pas très attachant. Et Mona Chokri n'échappe pas à l'évidente caricature sur les différences de classes, les intellos chiants et l'homme de la nature hyper sexy et inculte.
Les qualités formelles du film, les quelques excellentes scènes et cette déception dans le portrait de l'homme désiré, nous laissent un ressenti en demi-teinte.