SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 10:26

Ce film surprend là où on ne l'attendait pas : sa notation déplorable par les spectateurs sur le site AlloCiné. Les comédies françaises les plus pathétiques n'y sont pas aussi mal traitées.

Le film subit sans doute le contre coup d'une attente de 10 ans depuis la dernière adaptation ciné d'une aventure d'Astérix (Astérix au service de sa Majesté de Laurent Triard  en 2012) amplifiée par le matraquage publicitaire dont bénéficie (ou pas) le film de Canet. Il souffre également de la comparaison avec le très réussi, culte et jamais égalé Astérix et Obélix, mission Cléopâtre d'Alain Chabat. Enfin, l'attachement des français à ces deux héros qui font partie du patrimoine et de l'enfance de nombreux d'entre eux ne favorise pas l'indulgence. 

Car, L'empire du milieu qui affiche bien des défauts, est loin d'être la nullité que semble dénoncer la majorité des spectateurs (qui se sont prononcés). Si le scénario original (le film ne se base pas sur une des histoires d'Uderzo et Goscinny) semble inutilement complexe, le narrateur (Gérard Darmon qui succède au grand Pierre Tchernia) le dénonce avec ironie et autodérision à 2 ou 3 reprises. Si le casting XXL envahi par une pléiade de vedettes semble inutile (si ce n'est peut-être dans l'idée des producteurs de faire venir dans les salles les fans de chacune des "stars" présentes) et n'apporte rien artistiquement parlant, il n'enlève rien non plus au bon déroulement du film. Les vrais comédiens sont bons dont Vincent Cassel, Marion Cotillard, Ramzy Bedia, Pierre Richard,  Philippe Katerine, Jérôme Commandeur, José Garcia,  Audrey Lamy, Jonathan Cohen. Gilles Lelouch est surprenant dans le rôle d'Obelix, lui apportant la poésie et la part d'enfance qui caractérise le  personnage. Si on peine un peu à oublier Guillaume Canet, derrière Astérix, rôle qui a toujours été plus casse gueule, son interpretation est efficace.

Il est vrai que certains gags et jeux de mots faciles n'agissent pas. Tout comme il est vrai que l'on sourit souvent (quand on a l'âge du réalisateur...) à des références anciennes. La reprise d'une scène culte de La Chèvre avec Pierre Richard dans son propre rôle et Gilles Lelouch dans celui de Depardieu, lui-même Obélix de référence, risque de ne pas faire rire les moins de 40 ans. Tout comme le "Tchi Tcha" de Darmon après l'évocation de "Suez, comme le canal".

On est un peu déçu par la réalisation qui manque de précision, chose indispensable pour servir comme il faut le rire. Le montage ne favorise pas la lecture des séquences. La photographie déçoit aussi alternant entre esthétique du film d'aventure et celle de la bande dessinée, l'image semble parfois pâtir des effets spéciaux. On ne perçoit pas non plus une signature stylistique.

Malgré ces défauts, l'heure et 50 minutes de film se déroule sans ennui, rythmée par une ribambelle d'idées et détournements plus ou moins efficaces. Le film ne mérite pas d'être ainsi assassiné.

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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 15:56

Lydia Tar est une chef d'orchestre respectée et reconnue à la tête d'un orchestre symphonique Berlinois. Entourée de gens dévoués, sa femme (Nina Hoss, très juste), son assistante (Noémie Merlant, parfaite) et de personnes envieuse, des chefs qui lui piquent ses recettes ou s'accrochent à leur place, Lydia trace sa route avec l'autorité que lui confère et lui impose son statut.

Dans ce personnage de femme ambiguë, à la fois, artiste d'exception qui vise l'excellence en tout, manager exigeante quite à blesser jusqu'à détruire, prise dans le courant de la cancelled culture, Cate Blanchett est impériale. Dès la première scène, sa voix grave, son ton assuré, son regard tranchant posent le personnage. Pendant 2h38, elle ne quitte pas l'écran et nous emporte dans sa chute mais également dans la description de son art. Si les dialogues nous mènent parfois dans un jargon technique, ils ne nous perdent jamais et fascinent, au contraire, tant on perçoit ce qui guide un chef d'orchestre dans son interprétation des œuvres, dans sa perception des sons. En ça, le film est aussi passionnant. 

Pour ce qui est de la chute de l'icône, l'ambiguïté des relations de Lydia aux femmes, son parti pris qui sépare l'Homme de son œuvre, ses arbitrages dans la gestion de son orchestre, son sentiment d'invincibilité pourrait nous ramener à l'image de certains hommes pris dans le mouvement #metoo. Sauf que Lydia, même prise dans le tourbillon et l'aveuglement de sa réussite, semble posséder une conscience. Est-ce cette conscience qui se manifeste par des interférences sonores : un métronome qui s'anime seul dans la nuit alors qu'elle s'apprête à atteindre son Graal (l'enregistrement de toutes les symphonies de Malher) mais aussi la cinquantaine, un cri de femme dans la forêt alors qu'une autre est en train de se suicider, le bip d'une machine médicale tandis que la mort s'approche d'une vieille dame...

La mise en scène de Todd Field est aussi remarquable. Plaçant en avant les longues mains de Cate Blanchett qui disent autant que les dialogues, suggérant les drames plus qu'il ne les montre, informant sur l'évolution de la vie de l'artiste par les décors précis de ses habitations, hôtels et voitures, il donnent dans chaque image une multitudes d'informations qui participent à la richesse des interprétations que le spectateur peut se faire du film et de son héroïne.

 

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25 janvier 2023 3 25 /01 /janvier /2023 18:58

César du meilleur film

Les Amandiers, de Valeria Bruni Tedeschi

En corps, de Cédric Klapisch

L’Innocent, de Louis Garrel

La Nuit du 12, de Dominik Moll

Pacifiction - Tourment sur les îles, d’Albert Serra

 

César de la meilleure réalisation

Cédric Klapisch, pour En corps

Louis Garrel, pour L’Innocent

Cédric Jimenez, pour Novembre

Dominik Moll, pour La Nuit du 12

Albert Serra, pour Pacifiction 

 

César de la meilleure actrice

Fanny Ardant dans Les Jeunes Amants

Juliette Binoche dans Ouistreham

Laure Calamy dans À plein temps

Virginie Efira dans Revoir Paris

Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre

 

César du meilleur acteur

Jean Dujardin, dans Novembre

Louis Garrel, dans L’Innocent

Vincent Macaigne, dans Chronique d’une liaison passagère

Benoît Magimel, dans Pacifiction 

Denis Ménochet, dans Peter Von Kant

 

César de la meilleure actrice dans un second rôle

Judith Chemla dans Le Sixième Enfant

Anaïs Demoustier dans Novembre

Anouk Grinberg dans L’Innocent

Lyna Khoudri dans Novembre

Noémie Merlant dans L’Innocent

 

César du meilleur acteur dans un second rôle

François Civil dans En corps

Bouli Lanners dans La Nuit du 12

Micha Lescot dans Les Amandiers

Pio Marmaï dans En corps

Roschdy Zem dans L’Innocent

 

César du meilleur espoir féminin

Marion Barbeau dans En corps

Guslagie Malanda dans Saint Omer

Rebecca Marder dans Une jeune fille qui va bien

Nadia Tereszkiewicz, dans Les Amandiers

Mallory Wanecque, dans Les Pires

 

César du meilleur espoir masculin

Bastien Bouillon dans La Nuit du 12

Stephan Crepon dans Peter Von Kant

Dimitri Doré dans Bruno Reidal, confession d’un meurtrier

Paul Kircher dans Le Lycéen

Aliocha Reinert dans Petite Nature

 

César du meilleur film d’animation

Ernest et Célestine : Le Voyage en Charabie, réalisé par Jean-Christophe Roger et Julien Chheng

Ma famille afghane, réalisé par Michaela Pavlatova

Le Petit Nicolas - Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, réalisé par Amandine Fredon et Banjamin Massoubre

 

César du meilleur film documentaire

Allons enfants, de Thierry Demaizière et Alban Teurlai

Les Années Super 8, d’Annie Ernaux et David Ernaux-Briot

Le Chêne, de Laurent Charbonnier

Jane by Charlotte, de Charlotte Gainsbourg

Retour à Reims [Fragments], de Jean-Gabriel Périot

 

César du meilleur premier film

Bruno Reidal, confession d’un meurtrier, de Vincent Le Port

Falcon lake Lake, de Charlotte Le Bon

Les Pires, de Lise Akoka et Romane Gueret

Saint Omer, d’Alice Diop

Le Sixième Enfant, de Léopold Legrand

 

César du meilleur film étranger

As bestas, de Rodrigo Sorogoyen

Close, de Lukas Dhont

La Conspiration du Caire, de Tarik Saleh

EO, de Jerzy Skolimowski

Sans filtre, de Ruben Östlund

 

César du meilleur scénario original

Éric Gravel pour À plein temps

Valéria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky, Agnès de Sacy pour Les Amandiers

Cédric Klapish, Santiago Amigorena pour En corps

Louis Garrel, Tanguy Viel, Naïla Guiguet pour L’Innocent

Alice Diop, Amrita David, Marie Ndiaye pour Saint Omer

 

César de la meilleure adaptation

Michel Hazanavicius pour Coupez!

Thierry de Peretti et Jeanne Aptekman, pour Enquête sur un scandale d’État

Dominik Moll et Gilles Marchand, pour La Nuit du 12

 

César des meilleurs effets visuels

Guillaume Marien, pour Les Cinq Diables

Sébastien Rame pour Fumer fait tousser

Laurens Ehrmann pour Notre-Dame brûle

Mikaël Tanguy pour Novembre

Marco del Bianco pour Pacifiction 

 

César des meilleurs décors

Emmanuelle Duplay pour Les Amandiers

Sébastien Birchler pour Couleurs de l’incendie

Michel Barthélémy pour La Nuit du 12

Sébastien Vogler pour Pacifiction - Tourment

Christian Marti pour Simone - le voyage du siècle

 

César du meilleur son

Cyril Moisson, Nicolas Moreau, Cyril Holtz pour En corps

Laurent Benaïm, Alexis Meynet, Olivier Guillaume, pour L’Innocent

Cédric Deloche, Alexis Place Gwennolé Le Borgne, Marc Doisne pour Novembre

François Maurel, Olivier Mortier, Luc Thomas, pour La Nuit du 12

Jordi Ribas, Benjamin Laurent, Bruno Tarrière, pour Pacifiction

 

César du meilleur montage

Mathilde Van de Moortel, pour À plein temps

Anne-Sophie Bion, pour En corps

Pierre Deschamps, pour L’Innocent

Laure Gardette, pour Novembre

Laurent Rouan, pour La Nuit du 12

 

César de la meilleure musique originale

Irène Drésel, pour À plein temps

Alexandre Desplat, pour Coupez !

Grégoire Hetzel, pour L’Innocent

Olivier Marguerit, pour La Nuit du 12

Marc Verdaguer, Joe Robinson, pour Pacifiction

Anton Sanko pour Les Passagers de la nuit

 

César de la meilleure photographie

Julien Poupard, pour Les Amandiers

Alexis Kavyrchine, pour En corps

Patrick Ghiringhelli, pour La Nuit du 12

Artur Tort, pour Pacifiction 

Claire Mathon, pour Saint Omer

 

César des meilleurs costumes

Caroline de Vivaise, pour Les Amandiers

Pierre-Jean Larroque, pour Couleurs de l’incendie

Emmanuelle Youchnovski, En attendant Bojangles

Corinne Bruand, pour L’Innocent

Praxedes de Vilallonga, pour Pacifiction

Gigi Lepage, pour Simone - le voyage du siècle

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22 janvier 2023 7 22 /01 /janvier /2023 18:41

En 1920, Mannie Torres (Diego Calva, grande découverte), d'origines mexicaines, homme à tout faire chez un directeur de studio, rêve d'assister à un tournage de cinéma. Lors d'une soirée chez son patron, il rencontre Nellie LaRoy (Margot Robbie, impressionnante), jeune femme délurée issue d'un milieu défavorisé, qui veut être actrice, Jack Conrad (Brad Pitt, royal), immense star du cinéma muet et Sidney Palmer (Jovan Adepo, parfait) afro américain, trompettiste talentueux.

Damien Chazelle se replonge dans ses sujets de prédilection : les machines à rêve et leurs cruautés. Dans cette grande fresque de plus de 3 heures, on retrouve sa virtuosité formelle mais sous acide. La caméra virevolte dans de longs plans mettant en scène de nombreux comédiens, multipliant les déplacements, dans d'immenses décors intérieurs ou naturels. Une énergie folle se dégage de l'ensemble avec quelques touches d'humour et des références artistiques dont celle, appuyée, à "Chantons sous la pluie" qui traitait du même sujet sur une tonalité très différente.

La musique est encore très présente, composée par son complice Justin Hurwitz, qui nous ressert au passage quelques notes déjà perçues dans LaLaLand, et portée par le personnage de Sidney. Sur le fond, on retrouve le rêve Hollywoodien, ses trahisons et une histoire d'amour contrariée. Mais ici, Chazelle trace le portrait d'Hollywood avant Hollywood. Les derniers pas du cinéma américain muet, avant l'arrivée du parlant. Les studios en plein air, les tournages fait de bric et de broc où les figurants pouvaient laisser leur peau, le snobisme des autres Arts, les fêtes dépravées, avec drogue et orgies dans les luxueuses propriétés des gens du métier, la rapidité avec laquelle se faisait une carrière, une star. Puis, l'arrivée du parlant et de l'industrialisation, la chute de celles et ceux qui ne sauront pas s'adapter, la réussite, ou pas, des autres.

Pour nous conter tout cela, Chazelle invente plusieurs histoires aux multiples rebondissements. Il enchaîne les séquences gargantuesques, qu'il entrecoupe de scènes d'intimité. Si on ne s'ennuie pas un seul instant, on se perd un peu dans tout ce que son récit semble vouloir porter.

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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 13:38

Sur la scène de la Comédie Française, un comédien meurt empoisonné. Martin, comédien de la troupe, enquête, accompagné de Claire, une dessinatrice de bande-dessinée.

Nicolas Pariser fait appel aux excellents Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain pour incarner ses deux héros. De quoi mettre toutes les chances de son côté pour réussir sa comédie policière, entre aventures de Tintin, références Hitchcokiennes et univers de Gaston Leroux. Pourtant dès les premières minutes, le film sonne faux.

Ni la musique entrainante de la comédie, ni l'air du frisson ne sonnent juste. Rapidement, le suspens réside dans le potentiel du film à trouver enfin la bonne tonalité. Las, l'heure et les 41 minutes défilent sans qu'à aucun moment le film ne parvient à s'accorder.

Dommage.

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