Ce film surprend là où on ne l'attendait pas : sa notation déplorable par les spectateurs sur le site AlloCiné. Les comédies françaises les plus pathétiques n'y sont pas aussi mal traitées.
Le film subit sans doute le contre coup d'une attente de 10 ans depuis la dernière adaptation ciné d'une aventure d'Astérix (Astérix au service de sa Majesté de Laurent Triard en 2012) amplifiée par le matraquage publicitaire dont bénéficie (ou pas) le film de Canet. Il souffre également de la comparaison avec le très réussi, culte et jamais égalé Astérix et Obélix, mission Cléopâtre d'Alain Chabat. Enfin, l'attachement des français à ces deux héros qui font partie du patrimoine et de l'enfance de nombreux d'entre eux ne favorise pas l'indulgence.
Car, L'empire du milieu qui affiche bien des défauts, est loin d'être la nullité que semble dénoncer la majorité des spectateurs (qui se sont prononcés). Si le scénario original (le film ne se base pas sur une des histoires d'Uderzo et Goscinny) semble inutilement complexe, le narrateur (Gérard Darmon qui succède au grand Pierre Tchernia) le dénonce avec ironie et autodérision à 2 ou 3 reprises. Si le casting XXL envahi par une pléiade de vedettes semble inutile (si ce n'est peut-être dans l'idée des producteurs de faire venir dans les salles les fans de chacune des "stars" présentes) et n'apporte rien artistiquement parlant, il n'enlève rien non plus au bon déroulement du film. Les vrais comédiens sont bons dont Vincent Cassel, Marion Cotillard, Ramzy Bedia, Pierre Richard, Philippe Katerine, Jérôme Commandeur, José Garcia, Audrey Lamy, Jonathan Cohen. Gilles Lelouch est surprenant dans le rôle d'Obelix, lui apportant la poésie et la part d'enfance qui caractérise le personnage. Si on peine un peu à oublier Guillaume Canet, derrière Astérix, rôle qui a toujours été plus casse gueule, son interpretation est efficace.
Il est vrai que certains gags et jeux de mots faciles n'agissent pas. Tout comme il est vrai que l'on sourit souvent (quand on a l'âge du réalisateur...) à des références anciennes. La reprise d'une scène culte de La Chèvre avec Pierre Richard dans son propre rôle et Gilles Lelouch dans celui de Depardieu, lui-même Obélix de référence, risque de ne pas faire rire les moins de 40 ans. Tout comme le "Tchi Tcha" de Darmon après l'évocation de "Suez, comme le canal".
On est un peu déçu par la réalisation qui manque de précision, chose indispensable pour servir comme il faut le rire. Le montage ne favorise pas la lecture des séquences. La photographie déçoit aussi alternant entre esthétique du film d'aventure et celle de la bande dessinée, l'image semble parfois pâtir des effets spéciaux. On ne perçoit pas non plus une signature stylistique.
Malgré ces défauts, l'heure et 50 minutes de film se déroule sans ennui, rythmée par une ribambelle d'idées et détournements plus ou moins efficaces. Le film ne mérite pas d'être ainsi assassiné.