SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
A Tunis, Riadh et Nazli sont les parents de Sami, 19 ans. Riadh s'occupe et se préoccupe beaucoup de Sami, de ses problèmes de santé - il souffre de migraines - de sa réussite dans les études et de son épanouissement d'adolescent. Jusqu'au jour où Sami disparaît.
Mon cher enfant parle de l'amour d'un père pour son fils. Un amour impuissant à voir venir et à éviter le pire. L'histoire se déroule en un rythme lent, propice au dessin des personnages et à l'installation d'une palette d'émotions complexes.
Dans le rôle de Riadh, Mohamed Dhrif est magistral.
Alain, éditeur, s'interroge sur l'intérêt du format papier du livre. Il approfondit sa réflexion en couchant avec la responsable du développement numérique tandis que son épouse, comédienne dans une série télévisée à succès, a pour amant un auteur en déperdition.
Ça parle sans cesse ou plutôt ça récite un texte qui aligne les poncifs sur la prépondérance d'Internet et sur l'avenir de l'édition. Le tout semble faux même les rares échanges "quotidiens" clamés par des esprits sans doute brillants. Une réflexion déjà dépassée dont, de plus, on ne comprend pas bien l'intérêt cinématographique. Ennuie.
Pendant 8 ans, Niels Amstrong suit un entrainement intensif et participe avec de nombreux autres pilotes et ingénieurs à de multiples séances de travail et de tests avec la Nasa. Après de nombreuses péripéties et alors que plusieurs de ses collègues meurent lors de séances d'essai, il sera le premier homme à marcher sur la lune, le 21 juillet 1969.
Damien Chazelle dessine le portrait de Niels Amstrong et à travers lui la conquête de la lune. Ainsi, les séquences des essais de vol, de préparation et du grand voyage conversent avec celles de la vie intime de l'astronaute. Dans les deux cas, Amstrong côtoie la mort, celle de sa petite fille avant tout puis celle de ses collègues et amis de travail. Il est dessiné comme un homme taciturne, obsédé par son travail, et renfermé sur ses émotions.
Dans les deux cas, Chazelle soigne son traitement. Les séquence "spatiales" tournées en plans serrés au cœur des machines et au plus près de l'humain illustrent parfaitement la complexité de l'enjeu et la part d'inconscience nécessaire à ces hommes. Les scènes de vie intime avec femme, enfants et amis sont délicates et sans trop de pathos. Le portrait d'un Amstrong à la psychologie complexe se dessine au fil des scènes. Gosling est parfait dans le rôle. Le réalisateur ne néglige pas le contexte historique (guerre du Vietnam, polémiques sur les sommes investies, course contre la montre avec l'URSS...).
Ces trois axes composant le récit sont dosés habilement et permettent une plongée dans une époque, une épopée et dans la psyché d'un héros unique.
Olivier travaille dur comme chef d'équipe dans un entrepôt de préparation de commandes. Un jour sa femme quitte le domicile conjugale sans laisser un mot, abandonnant mari et enfants.
Pour son premier film, Guillaume Senez affiche une belle maîtrise du récit et de la direction d'acteur. Ce portrait d'un homme prit entre un monde du travail sans pitié et une vie de famille fragile est delicatement dessiné. Romain Duris est d'une élégante justesse, parfaitement accompagné par Laura Calamy, Laetitia Dosch, et Dominique Valadie, trop rare au cinéma. Cerise sur le gâteau, Lena Girard Voss et Basile Grunberger, dans le rôle des enfants, sont d'un naturel stupéfiant.
Bertrand en dépression et sans emploi depuis 2 ans, intègre, sans trop savoir pourquoi, une équipe de natation synchronisée masculine.
Le charme du film réside en 5 points : l'originalité de l'idée de départ, le cadre de l'action, la qualité des dialogues, le sens du détail comique et le casting 4 étoiles.
C'est sur cette base très solide que le film se déroule. Sans que l'histoire impressionne ou marque vraiment, le film se regarde avec plaisir surtout grâce aux personnages qu'il dessine.
Ainsi, si l'équipe de comédiens - Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade, Benoit Poelvoorde, Felix Moati, Alban Ivanov, Virginie Effira, Marina Foïs, Leila Bekhti et Philippe Katherine - séduit sans réserve, le scénario fait un peu pâle figure.
Lara,15 ans, rêve de devenir ballerine. Mais, elle est enfermée dans un corps de garçon dont elle a décidé de se séparer avec l'aide des médecins et le soutien de son père.
Entre les cours de danse où il faut apprendre à faire des pointes à l'âge où les filles en font depuis plus de 3 ans, et les visites à l’hôpital et chez le psy, Lara ne se ménage pas. Lucas Dhont place son héroïne dans le milieu de la danse à haut niveau pour souligner sa détermination et sa souffrance. Souffrance dans ce corps qu'il faut exhiber, souffrance de ce corps qu'il faut déformer, transformer pour obtenir de lui de devenir une femme et une danseuse.
La force du film tient en deux choses : son point de vue et ses deux comédiens Son point de vue est celui de Lara. Il prime sur tout au point de se désencombrer le plus possible des poncifs, sur l'entourage familial notamment, porteur d'une souffrance lui aussi. Ici le père est seul, sans problème particulier et soutien sans réserve son enfant. C'est la volonté, l'impatience, les souffrances et les obsessions de Lara qui prévalent.
Les comédiens, père et fille. Victor Polster, 15 ans, danseur à l'école Royale de ballet d'Anvers, visage d'ange, incarne de façon confondante Lara. Il est Lara. Dans un registre différent mais assez complexe également, le rôle du père est tenu par Arieh Worthalter, lui aussi excellent.
Si la fin du film peut laisser dubitatif, la force de l'ensemble, avec son traitement à la fois cru et délicat, l'emporte.
Amin travaille en France pour faire vivre sa famille restée au Sénégal. Sur un chantier, il rencontre Gabrielle, infirmière, divorcée, mère d'une petite fille.
On ne comprend pas très bien ce que veut nous dire ou nous montrer Philippe Faucon. Son histoire dénuée d'émotion ne conte que peut de choses. Les situations et les personnages sont le plus souvent caricaturaux.
Malgré la présence d'Emmanuelle Devos et du très beau Moustapha Mbengue, on s'ennuie très vite.
Romane et Philippe se séparent et cherchent une solution pour que cette séparation n'en soit pas une pour les enfants. Romane invente le sépartement.
Romane Bohringer et Philippe Rebbot racontent leur séparation dans ce film romancé mais tourné pendant leur installation dans leur nouvel appartement. Cette autofiction est un peu foutraque à l'image du couple Bohringer-Rebbot et de leur entourage. Les scènes les plus improbables se succèdent dans un joyeux bordel que l'on devine quand même bien maîtrisé. Car la plupart des scènes servies par de très bons dialogues fonctionnent parfaitement.
Romane Bohringer et Philippe Rebbot, particulièrement drôle, tous les deux excellents, nous offrent un grand bol d'air frais.
Jongsu, fils de fermier et romancier en herbes, rencontre par hasard Haemi, une connaissance d'enfance dont il avait oublié l'existence. Alors qu'une liaison amoureuse s'installe entre eux, Haemi part en voyage en Afrique et en revient avec un jeune coréen aussi riche que séduisant.
Lee Chang Dong prend son temps pour installer l'étrangeté de ses personnages et leurs relations ambigues. Fossé social, hiérarchie intellectuelle, malaise de la jeunesse coréenne tout à la fois adepte de la chirurgie esthétique et en recherche de spiritualité, le réalisateur sème des bribes de sujets sociétaux et en 3ème partie installe les pistes d'un polar dont on ne saura pas grand chose.
Encensé par la critique le film qui est partout et nulle part à la fois laisse sur sa faim.
Monique dirige la communauté Emmaüs de Pau-Lescar. Un jour, Jacques, son frère, débarque en peignoir et chausson prêt à conquérir le monde.
Jacques, interprété par Jean Dujardin, décidément excellent dans les rôles de crétins, rêve de devenir riche et célèbre. Il est persuadé d'avoir trouvé l'idée de génie qui fera de lui le nouveau Bill Gates. Il entraîne dans son délire sa sœur et quelques compagnons plus ou moins dupes.
I Feel Good est peut-être le meilleur film de Delèpine et Kerven et sans nul doute le plus optimiste. Le meilleur tant au niveau de la maîtrise du récit, de la qualité des gags et des dialogues, hilarants jusque dans les détails, qu'au niveau de la qualité de la réalisation soignée avec quelques plans qu'on remarque particulièrement. Le plus optimiste car ayant pour personnage principal la communauté Emmaüs qui donne une seconde vie aux objets et aux hommes et femmes qu'elle accueille et qui parvient même à remettre sur le droit chemin les âmes les plus dépravées par leur rêve de capitalisme. Car la vénération que porte Jacques à l'argent ne fait pas le poids face à l'efficacité et la simplicité de ce système où la solidarité règne.
Les frères Sisters, Elie et Charly, tueurs professionnels, sont engagés pour capturer Hermann Kermit Warm détenteur d'une formule chimique facilitant la découverte de l'or. La traque les mènera de l'Oregon jusqu'en Californie.
Les comédiens, Joachim Phoenix, John C. Relly, Jack Gyllenhall et Riz Ahmed, sont parfaits. Les rapports entretenus entre les deux duos et leurs états d'âme sont inattendus dans un tel contexte. Le cinéaste dessine avec des détails surprenants l'Amérique de l’époque et parsème le film d'humour.
Le scénario répond aux codes du western et sur le papier le récit semble haletant. Mais Audiard multiplie les redites et le rythme s'avère assez lent.
Gabrielle, Elsa et Mao sont frère et soeurs issus d'une famille qui s'est éparpillée au divorce des parents. A la mort du grand-père l'avenir de la mamie les réunit à nouveau.
Le film bénéficie d'un casting de qualité, Jean-Pierre Bacry, Chantal Lauby, Vanessa Paradis, Camille Cottin, Pierre Deladonchamps parfaitement dirigés. Le scénario offre de bons moments et de grands moments d'ennuis, ces derniers prenant trop de place pour que le film séduise vraiment.
En 1814, Mary Wollstonecraft Godwin, 16 ans, s'enfuit de chez elle pour vivre avec le poète Percy Shelley. En 1816, Mary écrit son premier roman Frankenstein ou le Prométhée moderne.
Haifaa Al-Mansour tente à travers le récit de ces 2 années de conter les origines du grand roman gothique, et trace le portrait de Mary Shelley, jeune femme romantique et moderne, assoiffée d'absolu.
Malgré l'intérêt de son sujet, le film de facture très classique, ne passionne pas vraiment. Le récit s'égare trop souvent et s'étire inutilement. Le film est sauvé par l'interprétation de Elle Fanning, parfaite.
Marseille, Zachary, 17 ans, sort de prison. Il s'enfuit du foyer où il a été placé. Rejeté par sa mère, il trouve refuge chez Shéhérazade, une fille de son âge qui se prostitue.
Zachary quémande l'attention de sa mère et a peur du noir, Shéhérazade suce son pouce. Ce portrait d'adolescents à peine sortis de l'enfance plongés dans un monde violent, entourés d'adultes irresponsables ou impuissants, est réussi et particulièrement désespérant.
Les deux comédiens, Dylan Robert et Kenza Fortas, tous deux amateurs, sont impressionnants.
Sept amis dont trois couples, réunis pour un dîner, posent leurs portables au milieu de la table avec pour obligation de lire à haute voix les messages reçus durant la soirée.
Evidemment, chacun à quelque chose à cacher et la soirée va mal tourner. Tout comme le film qui ne survit pas à l'idée de base particulièrement faiblarde. L'ennui et le ridicule envahissent très rapidement le film malgré le bon casting convoqué.
Dans les années 70, Ron Stallworth est le premier afro-américain engagé par la police de Colorado Springs. Aidé par son collègue, Flip Zimmermann, blanc et juif, il infiltre le comité local du Klu Klux Klan.
Inspiré de faits réels, Blakkklansman affiche un ton étrange. Oscillant entre une série Américaine à la Starky et Hutch et une oeuvre pamphlétaire, le film peine à convaincre et à séduire.
Spike Lee adopte des choix esthétiques, dont une musique souvent malvenue, qui contredisent ses intentions. Si on en croit ses propos tenus en interview, le cinéaste présente un film sérieux dénonçant le racisme en Amérique. Ce n'est pas vraiment ce qui ressort de cet ouvrage fourre-tout au final très anecdotique..
Gauthier réalise un documentaire-portrait de Guy Jamet, un chanteur de variété qui pourrait être son père. A 70 ans, Guy continue de remplir les salles en chantant ses vieux tubes à ses vieux fans.
Après l'affligeant "Le talent de mes amis", Alex Lutz réalise son deuxième film. On y retrouve enfin tout ce qui fait sa singularité et son génie : l'originalité du propos, la finesse du traitement et l'exceptionnelle qualité de l'incarnation. Ainsi que, et c'est peut-être nouveau, le sens du montage.
Prenant un peu de Claude François, de Michel Sardou et de Jean-Paul Belmondo, Alex Lutz incarne cet artiste inventé de toutes pièces et plus vrai que nature, au point qu'on oublierait presque que ce chanteur n'a jamais existé.
Les seconds rôles sont parfaits : Tom Dingler dans une prestation quasi exclusivement parlée - c'est lui le Gauthier derrière la caméra, Pascale Arbillot excellente en jeune compagne de l'ancienne star, Nicole Calfan en attachée de presse dévouée.
Dans des rôles plus discrets, mais dans des séquences marquantes : Dani, Brigitte Roüan, Elodie Bouchez, Bruno Sanchez, Marina Hands, particulièrement hilarante dans un duo "à la Herbert Léonard et Julie Piétri", et Julien Clerc dans son propre rôle.
Le film oscille entre pastiche et hommage, rire et émotion et tient sa promesse presque jusqu'au bout. Il s’essouffle un peu dans les 20 dernières minutes, quand le prétexte de la filiation prend plus de place. Mais les 80 minutes qui précèdent sont parfaitement menées.
Un groupe de terroristes, du plutonium dans la nature, le FBI, la CIA... Et une Mission Impossible pour Ethan Hunt.
Les amateurs de Mission Impossible et de ce genre cinématographique passeront certainement un très bon moment face à la réalisation léchée, au scénario aux multiples rebondissements, aux romantisme (suranné), aux pointes d'humour (un peu lourd), aux scènes sur-explicatives et à l'énergie de Tom Cruise qui réalise toutes ses cascades.
Les autres s'amuseront de voir Paris sous un angle inédit. Ils trouveront cette fois encore l'ensemble interminable et les 2-3 scènes à astuces très téléphonées.
De nos jours, du côté du rocher de Roquebrune, Paul Sanchez erre. Tandis que la gendarmerie néglige les rumeurs de son retour.
Patricia Mazuy propose un film au tons multiples qui lui donnent un drôle d'air. Entre mauvais téléfilm, comédie grossière, western et thriller psychologique, on ne sait trop sur quel pied danser.
Du côté du dessin des personnages la démarche est la même. La réalisatrice semble vouloir donner raison à l'expression " Con comme un gendarme", ces derniers ne brillant pas par leur finesse tandis que le fugitif semble toujours plein de ressources.
Comme pour appuyer ce point de vue, les comédiens interprétant les dits gendarmes sonnent faux alors que Laurent Lafitte campe toute la complexité de son personnage avec le talent qu'on lui connait.
La musique de John Cale accentuant cette dissonance, on suppose que tout cela est volontaire mais malheureusement pas du maîtrisé.
Edouard Louis a donné son accord pour que son livre En finir avec Eddy Belle Gueule soit adapté par Anne Fontaine au cinéma. Puis, au visionnage du film, il a demandé que ni son nom ni son ouvrage ne figurent au générique.
En dehors du fait que Marvin est très éloigné du livre, il est fort à parier que c'est surtout la piètre qualité de l'ensemble du film qui a rebuté l'auteur.
Les dessins des différents milieux sociaux sont caricaturaux. Les acteurs, et c'est une exploit quand on affiche des comédiens de la qualité de Grégory Gadebois, Catherine Salée, Charles Berling, Isabelle Huppert, India Hair, Catherine Mouchet ou Finnegan Oldfield, sonnent faux. Les scènes redondantes finissent par être insignifiantes, le récit presque naïf alors qu'il devrait être dur. Et cerise sur le gâteau, la construction de l'histoire en flash back incessant lasse très vite.
On se raccroche à l'interprétation lumineuse du jeune Jules Porier, seul intérêt du film.
Dans un commissariat, Fugain est interrogé pour meurtre par le commissaire Buron.
L'absurde règne en maître dans ce Au poste ! où tous les personnages se comportent de façon incongrue. L'ensemble d'une grande maîtrise, millimétré, est très drôle. Le scénario est particulièrement bien servi par l'excellence de la distribution, en tête Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludwig, Anaïs Demoustier, Marc Fraize
Myriam et Antoine Besson divorcent. Dans le bureau de la juge, les avocates s'affrontent : Antoine est-il ou non une menace pour sa femme et ses enfants ?
Xavier Legrand choisit de raconter cette histoire à travers Julien, 11 ans, première victime de ce divorce et de son père. Le réalisateur installe une tension forte dès la première scène et fait monter la pression à chaque instant jusqu'au dénouement final, très impressionnant et efficace.
Le film est servi par trois comédiens excellents : Denis Menochet dans le rôle ingrat du père, Léa Drucker, en mère courage et Thomas Giroria qui incarne Julien.
Laure, 23 ans, enchaine les diplômes les plus prestigieux sans trouver sa voie. Un peu par hasard, elle s'engage dans la marine.
De Volontaire, on se souviendra du pire et du meilleur : d'un certain ennui face à un récit infantile sans réelle aspérité, de la mievrerie de la relation de l'aspirante et du commandant, d'une réalisation sans finesse et du drôle de minois et de la justesse de jeu de Diane Rouxel.