SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Oracio et Catherine, agents immobiliers à Bourgival, aux méthodes de travail bien distinctes ; lui misant sur le ressenti, elle sur une précision d'orfèvre ; tentent de vendre un appartement neuf en centre ville et une vaste demeure.
Bruno Podalydes, conteur des incongruités de notre société et de nos vies modernes, se penche sur notre rapport à l'habitat. Bien sûr, on retrouve son sens du burlesque et son goût pour l'absurde, particulièrement, dans son utilisation du jargon de la profession. Mais, le plus important se trouve dans les portraits qu'il fait de ses personnages, potentiels acheteurs, vendeurs et conseillers immobiliers. L'achat ou la vente d'un toit révélant toujours une tranche de vie heureuse ou douloureuse, les scènes drôles ou émouvantes se succèdent portées par une distribution parfaite : Karine Viard, Isabelle Chandelier, Agnès Jaoui, Patrick Ligardes, Manu Payet, Claude Perron, Sabine Azéma, Eddy Mitchell, Victor Lefèbvre, Denis Podalydes, Félix Moati, Roshdy Zem... et Bruno Podalydes himself. Un film charmant sans plus de prétention.
Grégoire Lamoureux et Blanche Renard, qui se sont connus adolescents, se retrouvent dans une soirée, tombent immédiatement amoureux, ont un enfant et se marient très vite, avant de quitter la Normandie et la famille de Blanche pour s'installer à Metz.
Le récit (inspiré du livre d'Eric Reinhardt mais écrit par Valérie Donzelli et Audrey Diwan) est précis et la démonstration implacable et d'autant plus forte que Blanche n'est pas une jeune femme fragile ou isolée. Virginie Efira est une fois de plus parfaite dans ce rôle qui lui fait jouer toutes les émotions et Melvin Poupaud est génialement détestable. On prend aussi plaisir à retrouver à leur côté les comédiens magnifiques que sont Dominique Reymond, Romane Bohringer, Virginie Ledoyen, Laurence Côte, Marie Rivière et Bertrand Belin.
Côté réalisation, on retrouve les Influences phares de la réalisatrice : les fondus au noir de Truffaut, un dialogue chanté à la Demy, ainsi que deux jumelles, une blonde et une rousse, un rideau de douche arraché à la Hitchcock...
Valérie Donzelli, la cineaste lumineuse du bonheur envers et contre tout, réussi haut la main son passage dans le sombre.
L'histoire d'une transfuge de classe du XVIIIe contée par une transfuge de classe du XXe siècle. Maïwenn ne s'en cache pas. Sur de nombreux points, elle se sent proche de Jeanne du Barry. Cette paysanne, mal née mais éduquée qui devient la favorite du roi, ressemble à celle qui fut la favorite du nabab du cinéma. Ainsi, la réalisatrice propose un portrait, parcellaire et romancé, de la courtisane-comtesse dans lequel la comédienne se met en scène avec complaisance.
Dès les premières minutes du film, le simplisme dans l'écriture du récit dit par la voix off surprend tandis que la qualité de la photographie, des décors et des costumes réjouissent. Ces deux impressions perdureront pendant tout le film. Les dialogues ne brillent pas, et surtout pas ceux du Roi (Johnny Depp, très bien) qui ne parle quasiment pas. Le récit oscille entre Versailles pour les Nuls et romance à l'eau de rose, avec les méchants très méchants et le petit personnel complice. Mais, curieusement, la réalisation efficace s'empare de Versailles et donne à voir, son immensité baignée de lumières comme ses recoins, dans l'ombre, pour aimer ou pour comploter. Pour qui connait l'oeuvre de Maiwenn, le rythme posé, presque lent surprend. On ne s'ennuie pas tout à fait mais on ne se passionne pas non plus. Tout semble anecdotique jusqu'à la présence dans des seconds rôles aux partitions restreintes de Marianne Basler, Noémie Lvovsky, Pascal Grégory et Micha Lescot. Les prestations de Benjamin Lavernhe, d'India Haïr, de Melvin Poupaud et de Pierre Richard, qui bénéficient de plus de visibilité, ravivent un peu notre intérêt. Mais l'interminable épisode final sur la mort du roi achève de confirmer le faible intérêt de cet ouvrage.
Damien dit Dog et Mirales zonent et dealent au Pouget. Dog subit l'emprise de Mirales, toujours prompt à l'humilier. Quand Elsa s'installe dans la petite ville, Dog, amoureux, prend ses distances avec Mirales.
La première qualité du film est l'excellence de son casting. La révélation Raphaël Quenard, impressionnant dans le rôle du grande gueule et humiliant Mirales soudainement touché par le sentiment d'abandon et Anthony Bajon une fois de plus très grand en adulescent un peu paumé. Ils sont entourés par deux belles comédiennes, la plus que prometteuse, Galatea Bellugi et l'immense Dominique Reymond.
La seconde qualité du film, parfaitement servie par la première, est la qualité de son écriture. Le portrait d'une jeunesse paumée entre ruralité et banlieue, paralysée par une langueur monotone et des certitudes sur les limites qui s'imposeraient à elle, est parfaitement dessiné. A cela s'ajoute des accents Becketiens dans le duo Dog-Mirales qui navigue entre emprise et amitié plus forte que tout.