SansCrierArt : Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.

17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 23:08

Denis Imbert adapte le livre éponyme de Sylvain Tesson. En 2014, l'écrivain - aventurier chute de 8 mètres. Après de longs mois passés à l'hôpital, et pas vraiment remis, il se lance le défi de traverser à pieds la France par la diagonale du vide.

Jean Dujardin endosse le rôle de Sylvain Tesson, écrivain, ours mal léché, un peu réac, épris de SA liberté, coincé dans un corps qui a perdu de son exceptionnelle agilité.

Le défi à relever était d'insuffler de la convivialité dans ce chemin de croix. Pour cela, Imbert, dans les parties du voyage les plus solitaires, propose un montage alternant des tranches de vie de Tesson avant l'accident et des scènes de marche au présent. Puis, alternent 3-4 rencontres sur le chemin, une halte dans un monastère, la visite de la soeur puis l'ami de toujours qui le rejoignent pour un bout de route. On ne s'ennuie pas mais assez vite, vient l'impression que le film n'est qu'une succession de scènes. Tout semble survolé jusqu'aux paysages que finalement on voit peu en majesté. 

En voix off, Jean Dujardin nous dit du Sylvain Tesson. Certaines formules, très écrites (forcément) sonnent un peu trop sentencieuses. Les comédiens (Annie Duperey, Joséphine Japy, Jonathan Zacai, Izia Higelin, Dylan Robert) sont très bien dans des incarnations éclairs. Jean Dujardin, dans un rôle casse gueule, sans mauvais jeu de mots, offre une belle prestation.

Mais l'ensemble aurait mérité une écriture et une réalisation plus audacieuses. Nous revient alors en tête le superbe Into the Wild de Sean Penn.

A voir en salle à partir du 22 mars.

 

 

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12 mars 2023 7 12 /03 /mars /2023 16:36

A Paris, dans les années 30, Madeleine, comédienne débutante, raconte à sa colocataire, Pauline, toute jeune avocate, qu'elle vient d'échapper aux assauts d'un vicieux producteur. C'est alors qu'un policier vient l'interroger sur l'assassinat de celui-ci.

François Ozon adapte la pièce de Louis Verneuil et George Berr jouait par Edwidge Feuillère en 1934, et la transpose dans le milieu du cinéma. Cette astucieuse histoire de deux jeunes femmes belles, intelligentes et audacieuses qui, dans une société patriarcale, transforment une faiblesse en force, fait écho au mouvement #metoo. Le réalisateur y glisse quelques messages bien sentie sur les rapports hommes-femmes, mais le film est avant tout un divertissement rondement mené. L' ensemble est enlevé et très drôle jusqu'à la distribution des rôles. Luchini campe un juge d'instruction aux faux airs de Louis Jouvet, Isabelle Huppert est hilarante, en star déclinante du muet, Dany Boon surprend en homme d'affaires marseillais. S'ajoutent André Dussollier, Olivier Broche, Michel Fau, Félix Lefebvre, Myriam Boyer, Daniel Prévost, Evelyne Buyle, Édouard Sulpice... tous très bons. Quant aux deux héroïnes, elles sont excellemment interprétées par Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz.

Ozon, qui a pris l'habitude d'adapter des pièces au cinéma (8 femmes, Potiche...) ne tombe pas dans le travers du théâtre filmé. Même si la majorité des scènes se jouent en intérieur, sa réalisation est alerte et précise, servant parfaitement le burlesque des situations.

 

 

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5 mars 2023 7 05 /03 /mars /2023 15:28

Le 17 décembre 2012, Maureen Keaner, professeur d'anglais chez Areva et syndicaliste à la CFDT, est agressée à son domicile. Depuis plusieurs mois, elle enquête sur un projet de contrat entre Areva, EDF et la Chine qui mettrait en danger 50 000 salariés d'Areva et le savoir-faire nucléaire français (ce qui finit d'ailleurs par arriver).

Jean-Paul Salomé reconstitue tout le contexte précédent l'agression et l'enquête sur l'agression. Par soucis d'égalité envers Maureen Keaner, tous les noms des protagonistes de cette affaire politico-judiciaire ont été conservés. On imagine le temps passé par les avocats pour verrouiller le scénario et éviter de potentielles poursuites. Car l'affaire est édifiante. 

Mais ce qui interpelle dans cette histoire vraie, c'est qu'elle ait pu passer inaperçue dans les médias et auprès de l'opinion publique. Ce qui intrigue c'est la relation de proximité entretenue par Maureen Keaner avec Anne Lauvergeon, la facilité d'accès de la syndicaliste auprès des grands patrons d'Areva, sa notoriété auprès des politiques. Ce qui fascine, c'est cette personnalité particulière de Mauren Keaner, qui provoque à la fois admiration et inquiétude. Isabelle Huppert joue parfaitement cette ambiguïté, passant en une seconde de la victime à la manipulatrice, semant le doute sans que jamais il ne s'impose tout à fait. Elle est magistrale.

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24 février 2023 5 24 /02 /février /2023 21:10

César d'honneur : David Fincher

Meilleur espoir féminin : Nadia Tereszkiewicz, dans Les Amandiers

Meilleur espoir masculin : Bastien Bouillon dans La Nuit du 12

Meilleurs costumes : Gigi Lepage pour Simone - le voyage du siècle 

Meilleur décor : Christian Marti pour Simone - le voyage du siècle 

Meilleur premier film : Saint-Omer d'Alice Diop

Meilleur court-métrage d'animation : La vie sexuelle de Mamie de Urska Djukic, Emilie Pigeard

Meilleur film d'animation : Ma famille Afghane de Michaela Pavlatova

Meilleur son : François Maurel, Olivier Mortier et Luc Thomas pour La Nuit du 12

Meilleure actrice dans un second rôle : Noémie Merlant dans L'Innocent

Meilleure musique de film : Irène Dresel pour A  plein temps

Meilleurs effets spéciaux : Laurens Erhmann pour Notre Dame brûle 

Meilleur film étranger : As bestas de Rodrigo Sorogoyen 

Meilleure photographie : Artur Tort pour Pacifiction 

Meilleur Montage : Mathilde Van de Moortel pour A plein temps

Meilleure Réalisation : Dominik Moll pour La Nuit du 12

Meilleur scénario : Louis Garrel, Tanguy Viel et Naila Guiguet pour L'Innocent

Meilleure adaptation : Gilles Marchand et Dominik Moll pour La Nuit du 12

Meilleur acteur dans un second rôle : Bouli Lanners dans La Nuit du 12

Meilleure actrice : Virginie Efira dans Revoir Paris 

Meilleur acteur : Benoît Magimel dans Pacifiction 

Meilleur film : La Nuit du 12 de Dominik Moll

 

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11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 17:12

Aissa, 23 ans, meurt lors d'un bizutage à la prestigieuse école militaire Saint-Cyr. Sa famille se confronte à l'armée pour que les honneurs lui soit rendus.

Tout en contant le réel combat qu'il a mené face à la grande muette, Rachid Hami raconte l'histoire de son petit frère Jallal et de sa famille : l'enfance algérienne pendant la guerre civile, le père absent, une mère forte et aimante, les deux frères que tout oppose, les derniers moments passés ensemble à Taipei.

Pour interpréter ces moments forts de sa vie, il a fait appel à Karim Leklou, Lubna Azabal, Samir Guesmi, Laurent Lafitte et Shain Boumedine tous parfaits, entre retenue et intensité.

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