SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Marc Becker présente les rushs de son dernier film à ses producteurs/distributeurs qui déçus décident de confier la reprise du film à quelqu'un d'autre. Marc fuit avec son film et son équipe.
Marc, clone de Michel Gondry, est fantasque, angoissé, hyperactif et bipolaire. Gondry dresse ici le portrait, d'un créateur et de sa solitude face à son oeuvre, de sa tyrannie à l'égard de son équipe. Et celui d'un bipolaire, en pleine phase maniaque, assailli par une multitude d'idées qu'il juge forcément géniales.
Pierre Niney est parfait dans le rôle du réalisateur débordé par lui même et insupportable pour les autres. Il est entouré des excellents Blanche Gardin, Frankie Wallach, Camille Rutherford et la remarquable Françoise Lebrun.
Le film, autoportrait du réalisateur sur le tournage de L´écume des jours, est aussi une représentation des affres de la création et un hommage à l'entourage, souffre douleurs, des artistes. C'est imaginatif, vif et très, très drôle. Une bouffée d'air frais.
Sur l'île de la Réunion, François Sentinelle est flic et pseudo-chanteur.
Pour incarner ce personnage de capitaine de police dilettante, Jonathan Cohen fait du Jonathan Cohen. Le film est donc à réserver aux fans du comédien. Même s'il reste excellent, Jonathan Cohen prend le risque de lasser d'autant que le film repose essentiellement sur lui. Les gags basés sur les bourdes du capitaine et de son équipe de décérébrés se succèdent et s'avèrent souvent drôles, lassant un peu sur la durée. Ils dominent dans un scénario qui semble pourtant vouloir installer une intrigue policière crédible. Les deux personnes réfléchies du film, interprétées par Raphaël Quenard et Emmanuelle Bercot, très bien tous les deux, interviennent comme une respiration dans le too much. Mais le scénario ne trouve jamais son équilibre.
Sans être totalement raté, le film ne convainc pas vraiment.
Daniel, 11ans, malvoyant, vit dans un chalet à la montagne avec sa mère Sandra, son père Samuel et son chien Snoop. Un jour, de retour de promenade, il trouve son père mort étendu dans la neige au pied du chalet.
Homicide ou accident ? C'est sur cette interrogation que repose le film qui nous invite au coeur de l'intrigue. En prenant le parti pris de développer son récit au plus près de l'accusée, de ses avocats et de Daniel, Anatomie d'une chute présente un angle de vue qui impose au spectateur de s'interroger tout au long du film sur Sandra, intellectuelle, indépendante, dont on ne sait si l'ambiguïté nait de la barrière de la langue, du besoin de protéger son fils, du traumatisme de la mort de son mari ou d'une culpabilité, et de s'identifier au jeune Daniel, pris entre son père mort et sa mère suspectée. Cette Anatomie d'une chute est aussi l'autopsie d'un couple, tous deux écrivains, marqués par un accident et rongés par une inégalité dans la réussite professionnelle.
L'intelligence du scénario (écrit par la réalisatrice et Arthur Harari, réalisateur du génial Onoda) et la qualité de la réalisation, qui alterne les angles de vue et présente de belles idées de mise en scène, maintiennent totalement notre intérêt même dans les scènes de procès, genre cinématographique casse gueule et partie importante du film. La qualité des dialogues et le soin mis dans le portrait de chaque personnage, servis par des interprètes remarquables (Sandra Huller, Swann Arnaud, Antoine Reinartz, Samuel Theis et le jeune Milo Machado Granger), font d'Anatomie d'une chute un film intense, parfaitement réussi.
Le film a reçu la Palme d'Or au Festival de Cannes 2023.
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Barbie (version Stéréotypée) vit heureuse à Barbyland entourée de toutes les Barbie et de Ken Stéréotypé et de tous les autres Ken. Toutes les journées parfaites se succèdent jusqu'au jour où Barbie évoque la mort.
La première partie du film, dont l'introduction façon 2001, l'odyssée de l'espace de Kubrick, est très efficace. La reproduction du monde de plastique de Barbie est particulièrement réussie et les détournements très drôles. Margot Robbie est parfaite et Ryan Gosling est un Ken magnifiquement fade. L'histoire se déroule à un rythme soutenu, efficace dans ses idées, son humour et ses détournements. Le portrait de la Direction de Mattel assez jouissif avec un excellent Will Ferrer en Big Boss
Puis, le scénario se centre sur Ken et son besoin d'exister en toute indépendance dans Barbyland. Le récit devient poussif, laborieux et bégayant. Le peu d'humour qui reste s'alourdit. Le discours pseudo féministe ne fait même pas illusion. Certaines idées semblent abandonnées en cours de route et le virage final qui fait se rencontrer la créatrice et sa créature perd de son potentiel émotionnel.
Dans un théâtre parisien, lors de la représentation d'une pièce de boulevard, un spectateur se lève et interrompt le spectacle.
Comme souvent chez Dupieux, l'idée de départ est excellente, car intriguante et drôle. Il ne reste plus qu'à la développer en imaginant ce qu'elle va occasionner.
Les films de Quentin Dupieux sont souvent court (67 minutes ici), le réalisateur souhaitant aller à l'essentiel, à l'os.
On peut être d'accord avec lui. On peut aussi juger qu'il peine à donner à son idée de départ toute l'ampleur qu'elle promet. On peut aussi penser que ses films reposent surtout sur les prestations d'excellents comédiens.
C'est le cas de Yannick. Son idée excellente car fantasme de nombreux spectateurs, ne donne pas grand chose au final si ce n'est un très beau rôle pour Raphaël Quenard totalement captivant dans la peau d'un personnage étrange, à la fois inquiétant, drôle et émouvant. Il est entouré de Pio Marmai, Blanche Gardin et Sébastien Chassaigne, parfaits tous les trois.
Aucun ennui pendant ces 67 minutes mais aucun moment vraiment marquant non plus. Un film au fort potentiel qui crée plus de regret que de satisfaction.