SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Lydia alors qu'elle vient de quitter son compagnon qui l'a trompée, apprend que Salomé, sa meilleure amie est enceinte. Lydia pense qu'elle est reliée à son amie, que lorsque l'une vit un grand bonheur, l'autre est malheureuse.
Hafsia Herzi est remarquable dans le rôle de Lydia, sage femme, sans famille, éprise de Milos une rencontre d'un soir. Elle est accompagnée par Nina Meurisse et Alexis Manenti, tous deux parfaits
La mécanique du mensonge dans lequel s'enferre Lydia est dessinée avec précision et une sensibilité soulignée par le récit et les interrogations en voix off de Milos. Les circonstances maléfiques, l'entourage inconsciemment complice, la psyché des deux amies composent les fondations de ce geste fou.
Le 7 mai 1995, Jacques Chirac est élu Président de la République et Bernadette Chirac devient première Dame jusqu'en 2007.
Léa Domenach propose un portrait de Bernadette Chirac annoncé comme une "fiction inspirée de faits réels". La réalisatrice situe l'action entre 1995 et 2007, années de la présidence de Jacques Chirac. Elle séquence le film des dates politiques importantes et réelles de la présidence, exposant le rôle de Bernadette Chirac, de l'épouse potiche à la dame des Pièces Jaunes en passant par l'avisée conseillère générale de Corrèze.
On y retrouve "les anecdotes" connues de tous, la relation fusionnelle qui lie Claude Chirac et son père, Chirac introuvable la nuit du décès de Lady Di, le soutien d'Hilary Clinton à Bernadette, les prévisions de Bernadette Chirac sur les résultats de la dissolution de l'Assemblée nationale et du 1er tour de la présidentielle de 2002,...
On comprend donc que dans ce film "les faits réels" sont nombreux et on imagine que la fiction intervient uniquement dans la mise en scène et la mise en mots des coulisses de ces événements. C'est là que la comédie pourrait prendre toute sa place. Malheureusement, malgré quelques bons mots et situations cocasses, le film ne provoque que très peu le rire. La faute au montage, à l'écriture des scènes, au placement des punchline ? Toujours est-il que la mécanique de précisions nécessaire au rire n'est pas à l'oeuvre et que, globalement, le film ne trouve pas sa tonalité. Entre fidélité à la réalité, volonté de ne pas trop écorcher le portrait, nécessité de ne pas occulter le drame intime qui touchait le couple et le désir évident de faire rire, la réalisatrice ne parvient pas vraiment à se positionner.
Pourtant, le casting 5 étoiles ne démérite pas. Catherine Deneuve est parfaite dans ce rôle qui n'est pas sans évoquer celui déjà tenu dans Potiche, MichelVuillermoz est plus vrai que nature en Jacques Chirac, Denis Podalydes campe un conseiller has been excellent, Laurent Stocker surprend en Sarkozy. Dans les rôles plus premier degrés des filles du couple, Sara Giraudeau et la trop rare Maud Wyler sont parfaites.
François, entraîne son fils Émile, dans la recherche de Lana, épouse et mère. Elle fait partie des humains en cours de mutation animale.
Des hommes et des femmes voient leur corps muter, s'approchant de celui d'animaux, leur instinct animal prendre le dessus. Faut-il s'en inquiéter ? Faut-il les aider ou les exclure ? Est-ce un drame ou une nouvelle vie qui s'offre à eux ?
Thomas Cailley (Les Combattants) traite cette histoire surréaliste avec le soucis constant du réalisme. C'est ce traitement qui donne au film toute sa force. Il n'est pas question ici d'effets horrifiques, de spectacle. Et il n'est pas question de laisser chez le spectateur la place au doute. Tout cela est possible, pour preuves les réactions de la société, de Monsieur tout le monde jusqu'aux forces de l'ordre, sont semblables à celles qu'on peut ou qu'on a pu rencontrer dans certaines circonstances réelles. Ce soucis du réalisme crée l'émotion plus que l'effroi.
Si le film nous renvoit instantanément à l'idée d'une vengeance de la nature qui reprendrait le pouvoir sur l'invasion de l'Homme, très vite le récit nous évoque d'autres thèmes qui touchent notre époque, tels que l'acceptation de la différence, l'accueil de l'étranger, l'apprivoisement d'un corps différent d'une identité officielle...
La réalisation de Thomas Cailley offre de beaux moments oniriques et de poésie pure, laisse deviner plus qu'on ne les voit ses créatures étranges, présente la forêt, et sa rivière, entre ombre et lumière, dans tout son mystère et sa beauté.
Romain Duris est magnifique en type ordinaire prêt à tout pour sauver sa famille. Son sourire lumineux et son regard noir lui confèrent une humanité désarmante. A ses côtés, Paul Kircher, grand adolescent déguingandé entre convictions fortes et dénuement, est remarquable.
Amiens, en avril 1976, suite à l'annulation pour vice de forme de son premier procès, Pierre Goldman est rejugé pour avoir effectué quatre braquages dont l'un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Goldman reconnaît les braquages sauf celui de la pharmacie. Lors du 1er procès, Pierre Goldman avait été condamné à la réclusion à perpétuité.
Plus que le procès lui même, c'est la personnalité de Pierre Goldman qui intéresse. Une impressionnante dialectique, une curieuse façon de se défendre qui renvoie à l'occasion la justice face à ses étrangetés, une forme d'instabilité psychologique que l'on perçoit chez ce fils de parents juifs polonais, engagés politiques, dont le père ayant fuit le nazisme pour trouver refuge en France, y sera résistant... Pierre Goldman, pétri d'admiration pour ses parents, militant d'extrême gauche, versant pourtant dans le banditisme, intrigue.
Cédric Kahn présente sa vision des moments forts du procès, traçant le portrait complexe de Goldman, l'ambiance électrique dans le prétoire mais aussi entre Goldman et son avocat Georges Kiejman. Son traitement met aussi en lumière l'antisémitisme, le racisme, une police défaillante de l'époque, autant de thèmes toujours d'actualité.
Trois caméras ont tourné simultanément ce huis clos bouclé en trois semaines et monté par Yann Dedet. La réalisation s'approche au plus près des visages, se joue de la disposition des lieux pour donner à voir simultanément les orateurs et les auditeurs, laisse entendre la présence du public pro ou anti Goldman, adopte un format carré qui favorise l'immersion. Le grain de l'image, encore plus que les looks vestimentaires des personnages, nous transporte d'emblée dans les années 70. La qualité du film repose aussi sur l'excellence de ses comédiens (Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphane Guerin-Tillie, Nicolas Briançon, Jérémy Lewin...,), ingrédients essentiels dans la réussite d'un film de prétoire.
Difficile de mesurer la part du vrai, du subjectif et du fictif dans le film. On pourra toutefois avoir un autre éclairage en lisant l'interview donnée par Christiane Succab-Goldman l'épouse de Pierre Goldman, au Monde le 4 octobre 2023.
A Helsinki, Ansa est employée sous payée dans un supermarché. Holappa est métallurgiste et porté sur l'alcool. Un soir, dans un karaoké, leurs regards se croisent.
Le monde et les Hommes désespèrent Aki Kaurismaki au point qu'il annonça, en 2017, à la sortie de L'autre côté de l'espoir, vouloir arrêter le cinéma. Il a visiblement changé d'avis mais pas de vision du monde. Sur fond d'informations radio sur la guerre en Ukraine et, un peu, sur la répression en Libye, il conte la difficulté de la classe populaire de survivre dans un monde froid et hostile. Ses héros (Alma Poysti et Jussi Vatanen très bien), deux êtres solitaires, qui se débattent dans un monde du travail sans pitié et face à l'inflation galopante, sont sans cesse séparés par leurs timidités, les hasards ou les accidents de la vie. Kaurismaki parsème cette histoire de rencontre contrariée de son humour pince sans rire, usant toujours de longs silences et de plans fixes sur des hommes à l'air ahuri ou perdu. La mise en scène et la photographie, où les couleurs explosent dans des décors pourtant austères, portent la patte du réalisateur reconnaissable entre mille. Les références à la culture française et aux classiques du cinéma (Brève rencontre, le Clan des siciliens, Godard, Besson, Chaplin...) sont nombreuses en arrière plan. En illustration sonore des chansons finlandaises, portant toutes un texte désespéré, semblent décrire une société finlandaise intrinsèquement dépressive.
Sans être désagréable, le film déçoit un peu par son manque d'audace et de surprise, le réalisateur jouant sur ce qu'il sait faire et a déjà fait.