SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
1928, à Paris, Ida Rubinstein, danseuse et chorégraphe, commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Ravel se retrouve confronté aux affres de la création.
Anne Fontaine, à travers la création du Boléro, esquisse le portrait d'un homme, sans femme ni enfant, à la fois distant et d'une grande sensibilité, obsédé par la musique, tout à la fois, reconnu pour ses compositions et malmené par la critique. Un homme mystérieux essentiellement entouré et épaulé par des femmes. Sa mère Marie (Anne Alvaro), la pianiste Marguerite Long (Emmanuelle Devos), Ida Rubinstein (Jeanne Balibar) et Misia Sert (Doria Tillier), sa chère amie, auxquelles s'ajoute son fidèle compère Cipa Godebski (Vincent Perez), sont les autres personnages principaux de ce faux biopic, tous excellemment interprétés.
Raphaël Personnaz est parfait dans le rôle du compositeur obsessionnel, aux sentiments et actes contradictoires, entre euphorie créatrice, découragements et auto dépréciation. Un technicien de la musique semblant se défier des sentiments mais y tombant pourtant.
Dans les 90 premières minutes, la réalisatrice parvient à effleurer, à travers le récit de la création d'une oeuvre connue et reconnue, la personnalité mystérieuse de son créateur. La dernière demi-heure dédiée à la maladie de Ravel est moins convaincante, voir inutile.
Adam, écrivain, homosexuel, vit seul à Londres dans une tour vide avec un jeune homme pour seul voisin. Il retourne sur les lieux de son enfance, et retrouve dans leur maison, ses parents au même âge que lors de leur mort lorsqu'il avait 12 ans.
Cette histoire fantastique met en scène son héros dans un des fantasmes de beaucoup : pouvoir retrouver les gens aimés décédés et leur dire ce qui n'a jamais pu être dit, l'occasion unique d'une grande séance de psychanalise.
Les quatre comédiens (Andrew Scott, Paul Mescal, Jamie Bell et Claire Foy) sont très bien. L'omniprésence de la musique agace un peu, tout comme l'excès de pathos d'autant moins digeste que les dialogues sont d'une grande pauvreté et le récit inutilement alambiqué. Il aurait fallu une plume de qualité pour conter cette histoire d'écrivain souffrant, pour différentes raisons, d'une immense solitude.
Elizabeth s'invite chez Gracie et Joe. Dans un prochain film qui racontera l'histoire du couple, Elizabeth interprétera le rôle de Gracie. Elle souhaite en savoir plus sur ce couple peu ordinaire qui fit la une des journaux 20 ans plus tôt.
Todd Haynes déploie doucement son récit et dessine le portrait de ses personnages par petites touches. Il nous mène tour à tour sur des pistes contradictoires, défiant le spectateur de pouvoir se faire une opinion tranchée sur les protagonistes. Ici tout est vénéneux. Les faux-semblants règnent, et les faces à faces entre les deux femmes oscillent entre jeu de séduction et affrontement. Au milieu de ces deux héroïnes, un homme, confus, trop jeune pour être le père d'enfants qui entrent en fac, trop vieux pour vivre l'adolescence qu'il n'a pas eu.
La réalisation à la fois élégante et à l'occasion curieusement démonstrative avec des zooms avant sur les visages et le choix d'une musique pesante (Michel Legrand- Le Messager de Losey) souligne l'ambiguïté.
Nathalie Portman est impressionnante dans le rôle de l'actrice sans scrupule, Julianne Moore est parfaite d'ambivalence et Charles Melton excelle en homme à la fois complice et victime, totalement paumé.