SansCrierArt: Aperçu critique de l'actualité culturelle. Comptes-rendus d'expositions, de pièces de théâtre, de films et de tous autres évènements culturels.
Depuis le 27 février 2000, Suzanne Viguier a disparu sans laisser de trace. Jacques Viguier son mari, est l'unique suspect. Après un premier procès où il a été jugé innocent, le voici en appel, à nouveau devant les jurés.
Raimbault a l'excellente idée pour retracer ce procès de créer de toute pièce le personnage de Nora qui incarne l'intime conviction. Marina Fois joue parfaitement celle-ci, capable de déployer la même énergie pour défendre celui qu'elle croit nnocent et dénoncer celui qu'elle désigne coupable.
Olivier Gourmet campe un excellent Dupont-Moretti et Laurent Lucas est toujours juste dans le rôle du taiseux, légèrement suspect.
En retraçant le procès et les écoutes effectuées pendant l'enquête, le film fait plus que relater. Il s'engage en mettant la lumière sur les agissements suspects d'un témoin de l'histoire.
En 1963, Dick Cheney, marié père de deux filles, est électricien le jour et ivrogne la nuit. Jusqu'à ce que sa femme Lynne, bien plus brillante que lui mais soucieuse de rester à sa place de simple femme, lui intime l'ordre de se reprendre.
Selon Adam Mckay c'est le point de départ de la carrière politique de Dick Cheney qui gravit les échelons, chef de cabinet sous Ford, secrétaire à la Défense sous George Bush, PDG d'une multinationale pétrolière et enfin vice-président de George Bush JR. Cet homme, discret, semblant sans envergure, finira par s'attribuer, à la vue de tous, les pouvoirs du président et du Sénat par goût du puissance absolue et de l'argent.
Sous une forme satirique, moqueuse et dénonciatrice entre Michael Moore et Robert Altman, Adam Mckay nous conte les coulisses de la confiscation du pouvoir politique au sein de la plus grande puissance mondiale. Un détournement qui a indiqué la voie à suivre à plus de 20 ans de politique Américaine.
A Lyon, Alexandre, marié, 5 enfants, bien dans sa vie, découvre que le père Preynat qui a abusé de lui dans son enfance est toujours en activité et en contact avec des enfants. Il informe le diocèse des inclinations du prêtre et demande qu'il soit défroqué.
François Ozon parvient à nous tenir en haleine pendant plus de deux heures sur l'histoire de ces adultes qui se sont regroupés pour faire éclater la vérité sur les agissements du père Preylat et l'inertie de l'Eglise. Une histoire à priori connue mais qui vue du côté des protagonistes conserve tout son intérêt. Les portraits des victimes, de leur bourreau et des gens d'Eglise sont percutants, chacun dans des tonalités différentes. L'émotion gagne à plusieurs reprises face à ses hommes rattrapés par leur détresse d'enfant, ainsi que l'évidente indignation face à une église qui passe totalement à côté du drame.
Les comédiens, Melvil Poupault, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Josiane Balasko, Hélène vincent, Aurélia Petit, Eric Caravaca, Bernard Verlet, Frédéric Perrot, François Marthouret... sont tous très justes.
Ce Ozon, très différent de ce que le réalisateur a pu nous proposer jusqu'alors, dans une forme moins originale, avec un scénario plus classique, à l'écriture parfaitement maîtrisée, esquivant tout effet de répétition, relève parfaitement un pari qui s'annonçait pourtant risqué.
Au début du XVIIIe siècle à la cours d'Anne d'Angleterre, les deux favorites, l'historique et la nouvelle, se font la guerre.
Tout est caricature jusqu'au ridicule dans ce film prétentieux : dialogues, accompagnement sonore, jeu des comédiens... Auxquels s'ajoute une realisation hideuse abusant jusqu'à l'indigestion du fisheye, du grand angle et des travelling avant et arrière en parfaite ligne droite.
Décrire la démesure avec outrance, dépeindre le moche avec laideur n'est que paraphrase. Ridicule et vain.
Earl Stone, 80 ans, horticulteur, est au bord de la faillite. Pour subvenir à ses besoins et aider son entourage, il accepte de faire la mule pour des trafiquants de drogue.
Eastwood vieillit et s'assagit. Ici, l'acteur-réalisateur dénonce le sort réservé à l'américain moyen qui a donné sa vie au travail et qui se retrouve dans ses vieux jours sur la paille. Sur la forme moins de violence, moins de nationalisme, toujours autant de sentimentalisme grossier et une aussi surprenante que rapide dénonciation des violences policières.
Sur la Côte d'Azur, Anna passe quelques jours avec sa fille dans la propriété familiale. Entre les rires, les pleurs et les disputes avec les membres de sa famille, elle tente de gérer une séparation et l'écriture de son prochain film.
Dans cette histoire où la fiction flirte avec le réel, on retrouve les thèmes et personnages du "Chateau en Italie". La forte présence du personnel de maison et de ses rapports avec ses employeurs, amplifient les accents Tchekhoviens du film. Toutefois "Les estivants" n'atteint pas la force comique et émotionnelle du "Chateau...".
Ici la caricature bien moins maîtrisée plonge parfois dans le premier degrés et le désordre habituellement organisé ne l'est plus vraiment. Malgré tout, la qualité des interprètes, le style théâtral et quelques beaux moments interpellent fortement.
En 2015, Faustine part en Syrie avec son fils âgé de 5 ans. Au bout de quelques jours, elle se rend compte de son erreur et appel son mari Sylvain à l'aide.
Inspirée d'une histoire vraie qui serait la première exfiltration de ressortissants français partis pour le djiad, Exfiltrés interpelle par son récitquasi documentaire. Les comédiens Swan Arlaud (Petit paysan, Une Vie, Un beau voyou...) , Charles Berling, Finnegan Oldfield (Marvin ou la belle éducation, Le poulain...) et Jisca Kalvanda (Divines) sont tous très justes.
L'Envol, un centre de réinsertion pour femmes SDF, va fermer sur décision administrative. Le personnel du centre et ses "pensionnaires" ont 3 mois pour s'en sortir.
Louis-Julien Petit trace non seulement le portrait des femmes en réinsertion mais aussi celui du personnel du centre. Et c'est ce qui donne toute sa force au film. Le dessin de ces assistantes sociales dont le combat quotidien est entravé par les contradictions administratives, souligne plus encore la situation désespérée dans laquelle se noient ces femmes sans domicile.
Madame de Pommeraye, jeune veuve, tombe sous le charme du marquis des Arcis, libertin, qui semble sincèrement épris d'elle. Lorsque le marquis avoue à Madame de Pommeraye ne plus ressentir de sentiment pour elle, cette dernière décide de se venger.
Le sentiment amoureux est le sujet de prédilection d'Emmanuel Mouret. Il l'a traité sous toutes ses formes dans des récits contemporains. Il le transpose ici au XVIIIe siècle, en s'inspirant d'un texte de Diderot, et en abandonnant le ton burlesque de ses précédents films.
Mouret déroule son histoire en une série de plans séquence aux dialogues élégants. Ce choix de réalisation lui permet d'esquiver le piège de l'immobilité que génèrent souvent les scènes très dialoguees. Aussi la simplicité des décors et des costumes, qui interpelle tout dabord, s'avère des plus efficaces. Cette discrétion laisse toute la place au texte que les comédiens interprètent sans affectation inutile.
Cécile de France et Edouard Baer n'ont sans doute jamais joué la mélancolie et le désespoir avec autant de vérité.
Le commissaire Beffrois, à quelques semaines de la retraite, se passionne pour une affaire de vol de tableaux.
Pour son premier film Lucas Bernard s'offre un très beau casting avec Charles Berling et Swann Arlaud mais aussi Jennnifer Decker.
Son scénario, sous des faux airs d'enquête policière, présente un beau portrait de flic décalé, entouré de seconds rôles parfaitement dessinés.
On suit le policier et le voleur dans un Paris filmé à l'ancienne. Les dialogues relevés et à l'occasion drôles, associés à l'originalité du récit, ajoutent de l'intérêt au film.
Si le scénario s'essoufle parfois, il ne lâche jamais ses personnages, ni le ton particulier qui fait son intérêt.
Arnaud intègre un peu par hasard l'équipe de campagne d'un candidat à la présidentielle.
Mathieu Sapin fait le portrait d'un milieu politique français en une succession de scènes proches du sketch, plus ou moins réussies, souvent anecdotiques, sarcastiques et parfois drôles.
Un film peu passionnant presque sauvé par ses comédiens Alexandra Lamy, Finnegan Oldfield, Gilles Cohen, Philippe Katerine, Brigitte Rouan, Valérie Karsenti.
Aux États-Unis, en 1962, Don Shirley, pianiste afro-americain virtuose, engage Tony Vallelonga, italo-americain, habitué aux petits boulots, comme chauffeur-garde du corps. Ils prennent la direction du sud ségrégationniste, pour une tournée de deux mois.
Sur le papier, tout transpire le bon sentiment gnangnan. Pourtant, les deux heures de film se déroulent sans ennui. Bien que sans rebondissement particulier, ce road movie se laisse regarder avec un certain plaisir. Au moment de lister les qualités du film, on retient l'originalité des rapports de force inversé, la peinture délicate des deux personnages plus complexes qu'attendus et l'interprétation des deux comediens, Viggo Mortensen et Mahershala Ali, qui forment un duo qui fonctionne parfaitement.
Green Book n'est sans doute pas le film le plus marquant sur le sujet, il n'en est pas moins plaisant.
Pierre Hoffman intègre le collège Saint-Joseph pour un remplacement. Il a, entre autres, la charge de la 3e A composée uniquement d'élèves surdoués.
Sébastien Marnier installe dès ses premières images le malaise et l'intensifie avec efficacité tout au long de son récit. Lequel finit en eau de boudin.
Dans les années 70, Fonny et Tish, deux jeunes noirs americains de Harlem attendent un enfant mais Fonny est injustement accusé de viol et emprisonné.
On retrouve ici les limites déjà présentes dans Moonlight. Le réalisateur semble n'être préoccupé que par la beauté de l'image et une sorte d'exercice de style qui nous éloignent sans cesse des personnages, du coeur et de l'enjeu du récit. La réalisation qu'on peut trouver à l'occasion approximative, le récit fait de flash back et l'accompagnement sonore grossier nous plongent dans l'ennuie et une forme d'indifférence, un comble pour un sujet aussi impliquant.
Reste le livre de James Baldwin dont est tiré le film.
Marianne annonce à son compagnon, Abel, qu'elle est enceinte de leur meilleur ami et qu"il faut donc qu'ils se séparent.
Louis Garrel nous propose pour son deuxième film un marivaudage en forme de triangles amoureux. Le film renvoie à Truffaut dans sa forme narrative, la voix off, par exemple, est très présente, et à Emmanuel Mouret dans son traitement en comédie faussement énigmatique.
Louis Garrel, excellent comédien, est parfait dans le rôle de l'homme facile mené par les femmes. On regrette presque qu'il ne joue pas plus sur la part comique du personnage.
Laetitia Casta, en femme amoureuse et manipulatrice, et Lily Rose Depp, en nymphette obsédée par son fantasme d'adolescente, jouent des partitions étonnantes réussies. Joseph Mengel, l'enfant du film, incarne parfaitement l'étrangeté de son personnage.
La photographie est très belle et la réalisation offre de beaux plans. Le montage est fluide. Tout concourt à ce que le film soit une réussite.
Pourtant, il manque un petit quelque chose pour séduire totalement. Le film semble vouloir nous maintenir à distance. Est-ce dû à l'écriture des dialogues et plus particulièrement des voix off presque littéraire ?
Dans les années 60, au Montana, Joe, 14 ans, assiste à la séparation de ses parents.
Paul Dano fixe sa caméra sur son jeune héros, pris en otage par sa mère (Carey Mulligan, parfaite). Traité comme un adulte que l'on prend à témoin, Joe (Ed Osenbould, excellent également) semble le seul être équilibré de ce trio.
La réalisation simple présente une belle reconstitution des années 60. Ed Osenbould capte notre attention. Le caractère particulier de son personnage charme. Il s'affiche d'emblée comme le réel intérêt du film et très vite le seul. Car l'histoire qui adopte un rythme lent et un style compassé ne passionne pas.
Un film honnête auquel il manque ce "petit je ne sais quoi" qui en aurait fait un bon film.
Yvonne, inspectrice de police, apprend que son mari décédé était un ripoux. Elle décide de veiller sur Antoine qui a passé 8 ans en prison à cause de son mari.
Le film regorge de nombreuses idées originales qui devraient être plaisantes ou drôles mais on est surpris de ne pas en rire. L'histoire qui oscille entre polar, comédie et romantisme, ne passionne pas non plus. Problèmes de rythme, de réalisation, de montage, d'interprétation, d'écriture ?
Seule certitude, la musique dans l'esprit de la trilogie "Océan" de Soderbergh saoule rapidement.
Biopic sur Freddy Mercury leader du groupe Queen, de la création de groupe jusqu'au concert pour LIve Aids en 1985, 6 ans avant son décès.
Le réalisateur a fait appel à Rami Malek, très bon comédien, qu'il affuble d'une prothèse qui rend sa dentition encombrante et plus protubérante que celle de son modèle. Tous les comédiens ou presque sont affublés de postiches grossiers. Le budget maquillage ne devait pas être très élevé.
L'ensemble du film sera à l'image de ce problème de postiche. Tout le monde joue à Queen, l'ensemble manque cruellement d'incarnation.
Le récit se déroule sans point de vue artistique. Les séquences contant la vie intime de Mercury ou celles du groupe, sont d'une grande fadeur, les dialogues ineptes. Même les passages de création artistique sont ridicules. Le réalisateur comble se vide abyssal en multipliant les reconstitutions de concert qui sont, forcément, moins puissantes que les prises réelles.
On est bien loin du talent et de la puissance creative de Fredfy Mercury.
A Chicago, de nos jours, les veuves de quatre truands organisent un casse pour régler les dettes de leurs maris. Au même moment, deux politiques ripoux, sont en guerre pour remporter les prochaines élections.
Si l'histoire de ces quatre femmes obligées de se lancer dans le banditisme pour survivre intéresse, la profusion d'intrigues et de personnages qui les entourent ralentit le récit noyé dans trop de pistes.
Les adultes Osamu et Nobuyo, l'ado Aki, le petit garçon Shota et la mamie Hatsune vivent ensemble de la pension de la grand-mère, de boulot précaires et de menus larcins. Un jour, ils accueillent Juri leur petite voisine de 5ans.
Hirokazu Kore-eda traite une nouvelle fois de la famille, qu'on se choisie ou pas. Il trace un long portrait à la fois chaleureux et désabusé de ses curieux personnages qui, malgré les difficultés, forment une charmante cellule familiale. Une image d'un autre Japon qu'on ne voit pas souvent, celui des gens de peu.
Chaque personnage est précisément dessiné et particulièrement bien servi par des comédiens parfaits, enfants compris. Le recit, un peu long, garde ses mystères les offrant à la libre interprétation du spectateur. L'image, très belle, interpelle souvent, composant de superbes tableaux en plans fixes ou des travellings jouant sur les premiers et arrières plans.
A Paris, de nos jours, Sandrine, professeur d'anglais, élève seule sa fille, aidée par son frère David.
Michaël Hers traite à nouveau le sujet du deuil, différemment mais avec la même délicatesse que pour Ce sentiment de l'été. Ici, il est question d'un drame collectif. Ceux qui restent doivent gérer leur chagrin, leur traumatisme et celui de leur entourage. Cette obligation de vivre une vie qui ne sera jamais plus comme avant, dans une société qui n'est plus tout à fait la même est portée par Vincent Lacoste impressionnant dans sa capacité à jouer l'adulescent violemment contraint de devenir adulte. A ses côtés, Ophelia Kolb au physique doux et fragile et une petite fille de 10 ans, Isaure Multrier, sont les parfaites interprètes de l'innocence assassinée.
Andrea Bescond, victime de viols répétés par un ami de ses parents alors qu'elle était enfant, raconte ces agressions et son long chemin de reconstruction. Andrea Bescond a tout d'abord interprété "les chatouilles" au théâtre seule en scène. Elle adapte son histoire au cinéma, interprétant de façon impressionnante son rôle et co-réalisant avec Eric Metayer.
La forme du film tout en déconstruction, mêlant réalité crue et imaginaire, sert particulièrement bien le récit, donnant vie aux douleurs d' Andrea enfant et d'Andrea adulte.
Il se dégage du film une rage et une énergie impressionnantes que l’interprétation magistrale des "salauds" de l'histoire, Karine Viard et Pierre Deladonchamp, amplifie plus encore.